Archives pour la catégorie Un village français

Un village français – Saison 7B – France 3 – 2017

25. Un village français - Saison 7B - France 3 - 2017Prisonniers de guerre.

   8.0   Et si la seconde partie de cette septième et ultime saison d’Un village français, constituait, du haut de ses six épisodes d’une heure chacun, ce que la série avait offert de plus beau, inventif, osé, lumineux et désespéré dans son ensemble, depuis son lancement en 2009 ?

     Il y avait pourtant dans la partie A tout pour clore Un village français et tourner la page Villeneuve sous l’occupation avec « l’Epuration à la libération en France ». La guerre était finie. Certains personnages sombraient dans la folie, d’autres dans l’oubli, il y avait des jugements, des prolongements, des bifurcations. Il s’agissait moins d’une fin que d’un nouveau départ pour chacun. Une fin sans en être une, annonçant l’après-guerre, qu’on ne verrait jamais, c’était tout aussi bien ainsi.

     Qu’allait donc pouvoir contenir ces six derniers épisodes, sans ennuyer, redire, appuyer ou contredire tout ce que la série avait minutieusement construit ? Surtout, je me suis rendu compte, en regardant cette dernière salve, à quel point j’étais attaché à la série, attaché à ses personnages, attaché à sa dimension chorale, touché par ces histoires aux émotions exacerbées par la guerre et ce qu’elle engendre pour chacun de ces beaux personnages, complexes, denses, formidablement écrits.

     Franchement je m’y jetais sans crainte, j’étais persuadé qu’ils trouveraient la meilleure façon d’en finir. Et la grande idée, c’est le flash forward. C’est en effet sur plusieurs temporalités que va se dérouler cette saison, se risquant à se détourner de ses fans, habitués à sa fine linéarité, à son classicisme si j’ose dire. Les créateurs décident donc de nous embarquer dix ans, trente ans voire soixante ans plus tard, tout en revenant régulièrement en 1945 où beaucoup jouent encore très gros. C’est vertigineux.

     Il y aura, entre autre, la venue de Tequiero à Villeneuve en 1975, qui rend visite à son père, autant qu’il vient lui demander de rendre des comptes sur le parquage des juifs dans l’école en 1942. Toutes les séquences entre Robin Renucci et Eric Caravaca sont poignantes – Et mention spéciale dans celle du bar avec le retour de Gustave. Il y a ici l’internement d’Hortense en 1945, la grève dans la scierie de Raymond la même année, puis son emprisonnement en 1953 pour un meurtre commis en 42, le vernissage des toiles d’Hortense en 1975. Nous assisterons à la fin de Muller dans l’Amérique latine des années 60, aux derniers – sublimes – instants de Lucienne et Bériot en 2003, au sort d’Antoine, à celui de Rita. Ça permet d’aller plus loin que la période de référence afin de montrer combien 39/45 influencera la vie de nos personnages jusqu’à leur mort.

     Et chacun des acteurs est grimé suivant l’époque, pour accentuer le vieillissement de son personnage. Difficile de faire plus casse-gueule. Et par on ne sait quel miracle, tout s’emboite à merveille, le montage est extraordinairement doux et son agencement d’une période sur l’autre absolument adéquat, toutes les temporalités se nourrissent entre elles et l’émotion est palpable puisqu’on y fait nous aussi nos adieux. La réalisation est soignée comme jamais. Le dernier plan est parfait. Ravi que cette série, intelligente et audacieuse, se termine aussi brillamment.

Un village français – Saison 7A – France 3 – 2016

40Après la guerre.

   7.0   « Je suis sûre que l’amour peut survivre à la mort » Ce sont les mots de Suzanne en réponse à son amour allemand qui affirme qu’on ne peut aimer éternellement puisqu’à la fin tout le monde meurt. Cette phrase de Suzanne dans un souvenir comme il en sera légion durant cette moitié de dernière saison, est non seulement accompagné de l’un des plus beaux plans de toute la série, un vertigineux fondu qui fait disparaître le corps de Kurt, mais elle symbolise à elle seule toute la dimension dramatique de ceux qui ont fait l’histoire de Villeneuve entre 39 et 45, de Daniel Larcher à Marchetti, de Hortense à Raymond Schwartz, sans parler de ceux qui l’ont payé de leur vie et reviennent dans de discrets flashbacks, parfois bouleversants : Marie Germain, Claude du maquis, Marcel Larcher, Anna Crémieux.

     J’ai cru le temps d’un épisode que la série allait faire ce que Truffaut avait (mal) fait dans L’amour en fuite, une compilation nostalgique de reprises de séquences vues les six saisons précédentes. Heureusement non. Car si les souvenirs occupent une place centrale ils sont inédits. Souvent donc, un personnage ère dans le présent dans un lieu qui le replonge dans le passé. Ça pourrait être raté mais c’est très beau, gracieux. De l’action il n’y en aura plus dans cet épilogue sinon par l’entreprise de Gustave, imitant le chemin de son père. L’heure est aux procès, commémorations, plongées dans la folie, remords et confessions. Il y a des drôles de destin et il y a les destins tragiques, ceux qui entendent des voix à en percer les murs, ceux qui sont tombé dans l’oubli, ceux qui hésitent à rester, ceux qui préfèrent s’en aller au poison.

     La nuance sur chaque personnage, toujours dans Un village français, série qui se refuse à mettre les personnages dans des cases, à n’être qu’un énième prolongement de livre d’histoire. Elle est en passe de se fermer avec les honneurs. Mais surpris d’apprendre qu’on aura droit à une deuxième moitié de saison tant le sixième épisode se ferme comme on ferme tous les arcs narratifs d’une série.

Un village français – Saison 6 – France 3 – 2014/2015

20. Un village français - Saison 6A - France 3 - 2014Désilusions.

   6.0   On prend les mêmes et on continue. A la nuance près que c’est l’heure de la libération, dix mois après les évènements relatés dans la saison précédente. On est en août 1944, les américains ont débarqués depuis un moment, les allemands battent en retraite, les milices prennent le relais des exactions, les résistants s’acharnent et la radio diffuse le discours historique du Général De Gaulle : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! » .

     À Villeneuve, pas vraiment d’effusions de joie, la guerre est finie mais elle se poursuit autrement. Si la ville sous l’occupation vit ses derniers instants, les cadavres continuent de s’empiler, les familles sont décimées, certains font profil bas ou s’exilent, d’autres retournent leur veste, font ce qu’ils peuvent pour survivre. Pour le compte des allemands encore présents les miliciens nettoient un maximum de réseaux de résistance (Séquence éprouvante dans une ferme familiale) et poursuivent leur mission de déportation des juifs.

     Raymond Schwartz plus que jamais amoureux de Marie Germain (Lui, aura vraiment fait la totale, entre 1939 et 1944) s’allie au groupe résistant, avec comme seul point de mire d’avoir de beaux jours à venir tranquille. Hortense Larcher abandonne Gustave pour suivre Heinrich Muller qui parvient à leur dégoter un Ausweis pour la Suisse. Suzanne et Antoine, esseulés, sont recherchés par les autorités. Daniel Larcher et Lucienne soignent une unité allemande réfugiée dans l’école. Et Gustave fait du marché noir. Ils ne sont pas au bout de leur surprise ni de leur peine et nous non plus.

     Raisonnablement, la série pourrait s’en tenir à la richesse de son récit choral, éparpillé, mais elle tombe régulièrement dans un sensationnalisme de bien mauvais goût (déjà observé dans les deux saisons précédentes) tout en suspense malvenu ou malhabile, surcharge des éléments de scénario quand ils auraient mérité simplicité. Malgré tout, il y a Marchetti qui de colère incompréhensible vient pendre Marie, à l’école, sans vraiment savoir pourquoi, c’est une grande idée, terrible. Il y a ce jeune milicien en plein doute aussi. Ou cette belle relation entre les deux résistants, Antoine et Suzanne, qui prend trop de place néanmoins. Mais ça passe.

     Le retour de l’allemand chéri de l’institutrice, qui apparaissait sous des bandages comme le grand brulé sans nom deux épisodes durant, c’est vraiment pas possible. Comment ne peut-on pas croire à ce point à la puissance de son récit ? L’attachement de Lucienne à un jeune inconnu mourant suffisait. Alors certes, le dernier épisode offre de beaux instants, avec l’enfant, mais c’est un peu gros. Et s’il n’y avait que ça mais non : On a aussi le droit au retour de Rita, la femme juive dont Marchetti s’était amouraché, avait mise en cloque puis fait échapper. Il y a l’exécution manquée d’Hortense et Muller, sauvée à la toute dernière seconde. La mère Chassagne et Hortense Larche qui se croisent dans une cellule provisoire. Des trucs de remplissage vraiment aberrants, incompréhensibles.

     La série avait su éviter ces poncifs jusqu’alors mais elle se noie dans l’épate, cliffhanger à gogo comme si elle voulait contrebalancer avec la fin de la guerre et sa propre fin, imminente. L’équilibre est rompu. Ella a simplement la chance que l’on soit familier de ses personnages, les pires ordures comme les bons bougres, aussi nuancés puissent-ils être. Et si, pour ces raisons, je pense que c’est la saison la moins homogène depuis sa mise en route, je continue de trouver ça passionnant dans l’ensemble, ne serait-ce que dans son approche de reconstitution et l’idée de centrer cette (demie) saison uniquement sur les quatre jours qui ont suivi l’heure de libération de Paris.

     La seconde moitié de saison est dans la continuité de la première, dans le bon comme dans le moins bon. Tout s’enchaine mécaniquement, trop rapidement, ne reste plus que des éléments de scénario (parfois grossiers) mis bout à bout. Le but est d’en mettre le plus possible. En plus d’avoir perdu en subtilité (J’ai le souvenir de longues séquences dans les premières saisons) la série s’est fragilisée dans son homogénéité à vouloir à tout prix rendre chaque personnage réversible, nous permettre de voir entre 40 et 45 deux versants d’une même pièce, qui s’adaptait au hasard des conséquences de la guerre et dorénavant à ce que leur offre ou laisse la libération. Le personnage de Jules ancien instituteur devenu préfet, humaniste par conviction devenu meurtrier par amour, je n’y crois pas, c’est forcé. La reconversion d’Antoine c’est à peu près n’importe quoi. Attention je ne dis pas que ça n’a pas existé, simplement que c’est mal raconté, leur transformation est trop brutale et semble ne relever que d’une planche de scénario. L’évolution de Raymond durant les trois premières saisons, c’était quand même autre chose. Dommage. Toutefois, le dernier épisode, d’une grande violence, s’avère puissant.

Un village français – Saison 5 – France3 – 2013

01.-un-village-francais-saison-5-1024x681Villeneuve leur appartient.

   7.5   Après une saison 4 scindée en deux parties, celle-ci invente encore et prend le parti de plus ou moins tout concentrer autour d’une date, celle du 11 novembre 1943. Les 25 ans de l’armistice de la grande guerre de leurs ainés appréhendés différemment suivant les uns et les autres, en s’inspirant librement du fameux défilé à Oyonnax. Inévitablement, le récit s’articule majoritairement autour de la résistance, mise en marche et construction de ses réseaux, des plus secrets indics aux collabos politiques, qui en profitent pour se racheter un avenir en vue d’une éventuelle défaite allemande, mais aussi les résistants purs et les jeunes maquisards. C’est donc à la fois la suite de la fin de saison précédente et son pendant élargit. Ce cinquième opus prend le temps de se mettre en place, trop, probablement. Les personnages charismatiques habituels sont résolument statiques ou retranchés hors  du récit, exception faite de certaines entités – Les frères Larché, Raymond Schwartz, Marie Germain – qui outre leur infime présence, prennent une importance secondaire inattendue.

     C’est la résistance qui importe ici, dans ses gestes, ses déplacements, son quotidien, son attente – Déjà la saison précédente m’avait quelque peu rappelé Lucie Aubrac de Berri mais ici c’est flagrant – et sur ce point c’est assez formidable tant d’une part il faut oser prendre un tel virage (axer le récit sur trois personnages centraux que l’on ne connaissait pas ou presque : Antoine et Claude, deux jeunes maquisards aux méthodes opposées et Philippe Chassagne, le nouveau maire, ordure en chef) mais aussi d’un point de vue purement théorique, sur la représentation du corps, l’image de soi à travers la guerre, autour d’une pièce créée par l’un d’entre eux (la faisant passer pour un chef d’œuvre maudit) leur permettant de combler cette lourde attente. Pièce répétée quasi chaque jour pendant une longue période, apparaissant à de nombreuses reprises durant six épisodes, minimum. C’est sans doute trop, puisque on s’intéresse forcément moins aux autres entités. Mais ça devient presque du Rivette dans ce que ça projette de jeu avec le réel, de personnages interchangeables, de métaphore de la résistance, tout en ouvrant le récit sur quelque chose de plus intime, l’obsession d’un garçon pour la direction de groupe et l’autre pour la direction d’acteur, qui se rapprochent inéluctablement laissant un semblant d’attirance/admiration troublantes en suspens. Le déchirement final ne convoite pas autre chose – larmes d’un côté, cri de l’autre, séparés par une paroi rocheuse.

     Une autre relation éclot aussi en parallèle dans une école. Pas super bien écrite, elle finit par se révéler plutôt touchante. Relation destructrice (Rappeler combien Lucienne peut être empoté pour tout) qui se nourrit de la peur et de l’inconnu quand celle du maquis naît de l’attente et de l’ennui. Je trouve que c’est une saison qui a des couilles que l’on aime ou non ses partis pris. Une saison construite pour cet épisode crucial du 11 novembre. Episode 10 extraordinaire, probablement ce que la série a offert de plus intense, exaltant et sidérant depuis son lancement (défilé, sabotage radio, l’image de Muller incognito au milieu d’une foule chantante, un maire infect roué de coups, Marcel au trou dialoguant avec un cafard, bref une journée aux allures de libération qui aura rapidement son revers de médaille). La saison met du temps à y arriver et aurait pu ne pas s’en relever (lors de ses deux derniers épisodes) pourtant elle ouvre et ferme brièvement quelques brèches fortes. A l’image de cette séquence à la fois comique et déchirante qui voit ces deux hommes clés du récit que tout oppose, subir la même exécution après avoir fumé ensemble une dernière cigarette turque et rit à gorge déployée sur l’inutilité de la présence d’un prêtre. La série a toujours travaillé son ironie et ses nuances mais rarement jusqu’à ce point de rupture. Encore une très belle saison, d’autant plus forte qu’elle respire une fois de plus différemment de la précédente, sur un faux rythme, un peu anodin, un peu répétitif, tout en continuant à travailler, c’est son point fort, et dessiner avec intelligence et malice ses trois plus grandes pourritures que sont et resteront le préfet, Chassagne et Heinrich Müller, évidemment.

Un village français – Saison 4 – France3 – 2012

UN VILLAGE FRANCAIS

Il était une fois en France.  

   8.0   La série continue sur sa lancée, proche de l’excellence, bien qu’elle adopte ici une construction tout à fait étonnante. Il y a comme deux saisons en une. Deux parties bien distinctes avec les six premiers épisodes (couvrant la période du 21 au 24 juillet 1942) centrés majoritairement sur l’école de Villeneuve dans laquelle sont placés les juifs en attendant leur déportation. Puis six épisodes suivants (8 au 12 novembre 1942) évoquant surtout les divers actes de résistance entre mouvement gaulliste, communistes et opérateurs radio. Partie absolument fascinante (sans doute ce que la série a réussi de mieux jusqu’ici) construisant un crescendo d’angoisse (mettant en parallèle les réunions résistantes et les tentatives d’interventions policières) jusque dans son épisode final ahurissant.

     Concernant les personnages, il y a beaucoup d’évolution. Entre ceux qui restent, ceux qui s’effacent, les autres qui prennent en consistance et ceux qui disparaissent momentanément. Les trois années sous l’Occupation racontées sous forme d’ellipses, creusent avec brio chaque individualité. Marchetti par exemple, le petit inspecteur à gerber, est devenu un personnage irremplaçable, délogeant même Daniel Larche de son trône. Immense raclure qui commence à être rongé par une culpabilité convoquée par ses sentiments envers une jeune juive qu’il tente de mettre à l’abri. C’est lui qui offre à cette fin de saison une toute dernière séquence absolument déchirante.

     C’est la réussite de cette série que de continuellement faire évoluer ses protagonistes, coincés dans une cage ouverte, pour une durée incertaine, jamais blanc ou noir mais inéluctablement dans la transformation car ce sont des personnages du présent, ils n’ont pas notre conscience des tenants et aboutissants. Rarement autant de nuances n’auront été apportées dans le traitement de chaque entité. Bon, il y a bien d’infâmes pourritures irrattrapables, comme la mère Schwartz et le nouveau maire, que tu voudrais voir crever plusieurs fois si c’était possible, mais ils ne sont pas sur écrits, ils semblent seulement symboliser ce qui devait se faire de pire dans l’arrivisme et la suffisance bien française.

     Mais c’est surtout un beau document sur la France occupée et les groupes de résistances en marge, le plus beau vu jusqu’alors, depuis le Lucie Aubrac de Claude Berri, la distinction c’est que le Village et ses noms sont eux entièrement fictifs. La série continue donc d’écumer l’Histoire en éludant les poncifs. L’idée est de rester dans cette ville, fictivement appelée Villeneuve, d’avoir des nouvelles de la France par la radio, les résistants ou les policiers mais jamais autrement. L’image ne sortira jamais de Villeneuve. Il est donc beaucoup question du pacte germano-soviétique, d’impressions de tracts, les parachutés depuis Londres mais on ne parlera jamais de rafle ou de camp. Tout juste sont évoqués Drancy et Varsovie, mais en acceptant que ces destinations nommées n’aient pas le même écho pour nous que pour les personnages.

     A part ça, je continue d’adorer Richard Sammel. Il a beau souvent joué des rôles de nazis, c’est fou ce qu’il peut être terrifiant avec son parlé très lent, très articulé, très ironique. La séquence où il se trouve au restaurant avec Hortense Larché est un sommet de monologue abject tout en décontraction forcée. Son personnage plus que l’acteur lui-même d’ailleurs, est d’une richesse incroyable. Et que dire des rôles de résistants ? Marie Germain, Marcel Larché, Albert Crémieux… Jamais la série n’aura été si généreuse, si substantielle. Bref, c’est un indispensable. Quatre saisons de très belle tenue. Et dire que j’ai la cinquième sous le coude…


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silencio


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