5.0 Deuxième essai de la cinéaste suisse et un film dans la lignée du précédent, correct et réussi mais pas fou, une copie timide et soignée du Rosetta Dardennien vers lequel il tend à ressembler. C’est un petit film social dans les normes, bien dans ses baskets. Maintenant, c’est aussi un film qui m’a touché, un peu, par instants et m’a surpris le temps d’un autre. Mais il ne faut pas s’attendre à être embarquer vers des cimes aventureuses et émotionnelles, le film suit son chemin, il est très écrit. Mais si Ursula Meier n’est pas la réalisatrice la plus inventive qui soit (on se souvient encore de ce premier film Home qui puisait dans un chef d’œuvre de Michael Haneke) elle sait filmer cet espace qu’elle se donne, ces no man’s land terribles, lourds de sens et de fatalité (Home c’était une autoroute, L’enfant d’en haut c’est une station de sport d’hiver) pleins de bruits (les skieurs là-haut le jour, les voitures dans les embouteillages) puis couverts de silence (marches sur des chemins déserts du bas, bitume provisoirement fermé). Cette réussite elle la tient essentiellement à la valorisation cinématographique de ces lieux, à savoir parvenir à les filmer tout en ne négligent par leurs abords et ce qui nous intéresse le plus dans son cinéma : les personnages. Chez Meier il y a des barrières visibles. C’est un rail de sécurité ou des remontées mécaniques, chaque fois deux mondes sont clairement définis et séparés. Et ses personnages vivent grâce à ces deux mondes. Si l’un disparaît (fermeture de la parcelle d’autoroute ou fermeture des pistes l’hiver) l’autre peut s’effondrer. Ursula Meier n’a pas encore suffisamment confiance en son cinéma pour l’épurer à ce simple dispositif là. Dans L’enfant d’en haut ce qui la fascine avant tout c’est le lien qui existe entre ses deux personnages centraux et à mon sens cette focalisation vient parasiter cette démarche beaucoup plus forte et réussie d’un point de vue cinématographique que pourrait être cette menace d’effondrement du monde/ de leur monde.
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5.0 Je suis resté un peu sceptique au départ, sur cette histoire de famille qui vit au bord d’une autoroute dont l’ouverture est imminente, car je voyais le sujet caricatural au possible, au moins pour ses personnages, finalement pas trop (bon on a quand même l’ado rebelle et l’ado intello hein!) mais surtout c’est la mise en scène qui fait oublier les quelques imperfections. Car le récit lui se suit mais s’essouffle. Heureusement Ursula Meier ne s’arrête pas là. La fin est surprenante. Par extension on pourrait même penser que Meier convoque Haneke, en réalisant le versant positif du film Le Septième continent. Bien entendu ça n’en atteint pas la puissance, la tension et la beauté froide, mais bon c’est quand même déjà pas mal, et c’est un film qui se démarque.