Publié 7 juin 2017
dans Séries et Versailles
Game of overbearing.
3.0 Se la jouer Game of thrones mais ressembler à du Vampire diaries. La frontière est plus mince qu’on ne le pense en fin de compte. On avait laissé le bénéfice du doute à une première saison déjà approximative et démonstrative, car il y avait une dimension opératique qui fonctionnait avec cette consommation maladroite du pouvoir, cette étrange relation entre frères et l’impression que la série ne cessait de scander que le vrai danger du monarque ne se trouvait pas dehors mais au sein de ses propres murs. Rien de neuf mais le show parvenait à séduire via un déploiement grandiose voire émouvoir notamment au détour d’un season finale réussi avec cette omniprésence d’un parfum de mort. On prend les mêmes et on recommence dans une deuxième saison volontiers plus rythmée par une pelleté de rebondissements souvent grotesques et cliffangher tape à l’œil à gogo – Un empoisonnement en convoque un autre, ad nauseam – sauf qu’il n’y a plus de cœur (juste du fric), les personnages sont des pantins (Et la plupart des acteurs vraiment pas bons et/ou mal dirigés, toujours hyper affectés, dans l’illustration, tout en larmes et grimaces) et la construction est à mourir d’ennui. Au centre il y a par exemple le combat et la rencontre entre Louis et Guillaume d’Orange. Ça devrait marquer une rupture, relancer la dynamique mais c’est simplement chiant – Sans doute que le montage alterné (Puisqu’on revient sans cesse au château et son intrigue policière autour des empoisonnements) n’aide pas. Je suis dur car il y a quelques sursauts ci et là mais dans un ensemble de dix heures, c’est trop rare (Un peu à l’image de certains très beaux personnages qui ne sont pas creusés, comme la Palatine) ; C’est Les feux de l’amour dans la cour du roi, pour moi, avec suffisamment de violence (mais pas trop) et de cul (mais pas trop) pour appâter le chaland. C’est officiel, j’arrête les frais.
Publié 6 février 2016
dans Séries et Versailles
Brothers.
5.0 D’un point de vue plastique c’est un show quelconque mais relativement digeste, on sent qu’il y a avant tout une volonté de travailler sur l’élégance du décorum, de faire noble, sans jamais pourtant se perdre dans la reconstitution, la série n’hésitant pas à se parasiter d’anachronisme, aussi bien dans l’utilisation musicale que dans le choix de l’anglais. Inutile de dire que la langue en va de sa distribution internationale, donc de son exportation. Tout est calculé. Mais j’ai vraiment continuellement l’impression d’assister à un produit HBO du pauvre. La série est très scolaire dans ses enchaînements, chaque mystère convoque sa résolution, d’un épisode à l’autre, rien ne déborde mais c’est soigné, jamais trop ostentatoire, un peu comme l’étaient Maison close ou le Yves Saint-Laurent, de Jalil Lespert. Sobre et passe-partout ; Assez irréprochable mais jamais vraiment stimulant non plus. Lespert met d’ailleurs en scène les deux premiers épisodes. Les deux meilleurs probablement. On sait que les créateurs ne souhaitaient pas scruter l’exhaustivité historique, ils simplifient donc à peu près tout et se concentrent sur son versant boulevardier, entre les coucheries en tout genre, les jeux de dupes, les petites trahisons, un accès de violence bien sanguin ici, une bonne scène de cul là. C’est GoT mais en moins bien. Moins radical, plus publicitaire que son modèle outre-Atlantique. Car les personnages, pour la plupart, sont interchangeables ; On peine à les différencier les uns des autres car il leur manque une vraie stature, une vraie incarnation tant tout est bien trop corseté. Sans doute est-ce dû au fait que la série se soit essentiellement concentrée sur deux personnages phares, deux frères : Louis XIV et Philippe d’Orléans, qui entretiennent et cela depuis l’enfance (qui restera hors champ bien qu’on en entende toujours parler, lors de souvenirs et confidences) une rivalité sans fin due forcément à un déséquilibre d’attention. Sa « relation entre frères » est ce qui sied le mieux à Versailles, en définitive. Je voulais aussi dire deux mots sur la musique utilisée pour le générique : Si M83 (Probablement mon groupe préféré il y a dix ans) n’est parfois plus que l’ombre de ce qu’il a été (Notamment depuis Hurry up, we’re dreaming, on n’est pas loin de virer Coldplay) je dois reconnaître que le morceau Outro (tiré de cet album) sied comme un gant au show, colle idéalement à son ambiance et ses enjeux.