Tueur né.
7.5 Quelque part entre le Bresson d’Un journal d’un curé de campagne et le Allio de Moi Pierre Rivière. Soit l’autopsie de l’histoire d’un jeune criminel au moyen de ses mémoires, principalement écrites, devant un comité de psychanalystes. Véritables confessions qui s’appuient sur les faits de septembre 1905.
Il y évoque son enfance difficile dans le Cantal puis son année au séminaire de St Flour et toutes les pulsions de suicide et de meurtre qui l’habitent, depuis tout petit, qu’il parvient à refréner par la masturbation.
C’est un film froid, austère, au diapason de ce personnage. Qui ne s’appuie sur aucun suspense, dans la mesure où la scène d’ouverture le montre en train de tuer puis de se rendre avec ces mots « J’ai tué François Raulhac, je viens me constituer prisonnier ».
Ces confessions nous permettent de constater que Bruno est un excellent élève, pieux, timide, chétif. Qu’il est très silencieux, introverti, qu’il se tient en permanence vouté, jusque sur la photo de classe. Trois acteurs jouent le jeune Reidal à six, dix et dix-sept ans.
On apprend peu à peu que Reidal est un enfant battu, violé très jeune par un paysan, peut-être même homosexuel refoulé et qu’il est infiniment jaloux de l’aisance financière des autres élèves. Il y a des embryons d’explication à ces pensées et ce geste final mais jamais le film ne statuera sur quoi que ce soit, laissant Reidal emporter le mystère de son mal.
Le film ne cesse de dire qu’il n’y a pas d’explication psy, quand bien même le comité cherche à en donner une et quand bien même le spectateur préférerait lui aussi en trouver une. C’est simplement une affaire de confusion à l’intérieur d’un être.
L’histoire d’un garçon qui confond le désir sexuel et le désir meurtrier. Et qui préfère finalement tuer que se tuer, puisqu’il aura la possibilité d’une rédemption au bout. C’est un premier film impressionnant.