Archives pour la catégorie Wes Anderson

The wonderful story of Henry Sugar – Wes Anderson – 2023

10. The wonderful story of Henry Sugar - Wes Anderson - 2023Le pouvoir de voir.

   4.0   Ici, on se situe clairement dans l’univers andersonien qui me file de l’urticaire. Il s’agit de la première des quatre nouvelles, normalement, mais j’ai bien fait de finir par celle-ci. Trop de récits en tiroirs, trop de symétrie, trop de bavardage, trop de Cumberbatch, trop long (39 minutes, celui-ci), trop de tout. Je reste toutefois impressionné par la radicalité de ce dispositif désincarné, Anderson n’a jamais autant fait du Anderson, aussi bien ici que dans les trois autres pastilles : Enchainements frénétiques, vitesse du texte, lu au spectateur, composé de narration de conteur, dialogues et descriptions. Aussi, le fameux décor en carton-pâte cher à l’auteur d’Astéroïd city n’aura jamais été aussi élaboré tant chaque cloison semble se coulisser dans une savante chorégraphie, se modifier par l’intermédiaire de machinistes qu’on ne cache pas non plus. Narrativement, Anderson pousse les potards si loin qu’il imagine trois niveaux de récit enchâssés : Roald Dahl qui imagine l’histoire d’Henry Sugar qui raconte celle d’Imdad Khan, un maitre indien qui avait appris à voir sans utiliser ses yeux, pouvoir que le second cherche à obtenir dans le but de tricher au jeu. Encore une fois, je lirais bien la nouvelle.

Venin (Poison) – Wes Anderson – 2023

07. Venin - Poison - Wes Anderson - 2023Un pyjama pour deux.

   5.0   Qui est apparemment la dernière des quatre adaptations des nouvelles de Roald Dahl par Wes Anderson du projet de quatre (petits) films, quand bien même l’ordre n’a semble t-il aucune importance. Pour pas changer ici, un récit qu’il m’aurait davantage plu de lire par Dahl plutôt que / avant de le voir par Anderson. L’histoire d’un homme (d’origine indienne) qui rend visite à un autre (plutôt anglais), bloqué au lit avec un serpent sur son ventre sous son pyjama, si venimeux qu’il peut, dit-on, noircir le sang des victimes qu’il mord. Il sera question d’un médecin et d’un anti-venin. C’est rachitique mais assez angoissant, et cela permet à Anderson d’expérimenter davantage ses cadres, plans, couleurs, le débit de ses répliques, narrateur / protagoniste face caméra compris. La temporalité et la géographie ne sont pas mentionnées, mais il semble qu’on soit en Inde, durant la colonisation. La fin, assez abrupte et frustrante, n’en reste pas moins savoureuse.

Le cygne (The swan) – Wes Anderson – 2023

22. Le cygne - The swan - Wes Anderson - 2023Bully.

   6.0   Des quatre adaptations de Roald Dahl proposées par Wes Anderson, c’est sans aucun doute celle au ton le plus grave, triste, sombre. Et paradoxalement c’est aussi le court qui m’a semblé le plus léger, le plus aéré, dans ses plans, ses compositions et dans l’élocution. L’enchaînement des décors (cette tranchée de champs de blé suivie par cette ligne de rails, bientôt remplacés par un lac) offrant aussi un crescendo romanesque plus marqué.

     C’est l’histoire d’un garçon, studieux et chétif, fasciné par les oiseaux, qui se fait harcelé et maltraité par deux petites brutes armées. Rupert Friend y incarne le narrateur, le personnage principal mais aussi toutes les voix des autres personnages. Le tout systématiquement face caméra.

     Ce n’est toujours pas ma came mais c’est clairement le haut du panier Anderson à mes yeux. Sans doute mon préféré depuis L’île aux chiens. Le film est moins rugueux, aussi. Et il me confirme avec le très beau Hôtel chevalier, jadis, que lorsque ça me parle, je suis plus sensible aux formes (très) courtes de Wes Anderson.

Le preneur de rats (The rat catcher) – Wes Anderson – 2023

21. Le preneur de rats - The rat catcher - Wes Anderson - 2023Sur les dents.

   4.0   Wes Anderson qui adapte Roald Dahl n’a à priori rien d’original ni de surprenant puisqu’il l’avait déjà fait avec Fantastic Mr Fox. Plus surprenant sera ce choix de format et de diffusion : Quatre courts (tirées de quatre nouvelles) mis en ligne sur Netflix. Celui-là s’intéresse à un dératiseur obsédé par l’extermination des rongeurs, en train de raconter son métier à un journaliste et un mécanicien. Ralph Fiennes n’aura jamais autant ressemblé à un rat, dont il campera la voix (quand celui-ci sera animé en stop motion) avant et après d’en être son bourreau. Du Anderson de plus en plus chirurgical, pour ne pas dire autiste. Un décor, un rythme, une voix monocorde. Heureusement que ça ne dure que dix-sept minutes.

Asteroid city – Wes Anderson – 2023

03. Asteroid city - Wes Anderson - 2023L’émoi du désert.

   5.5   Je continue de ne pas comprendre le cinéma de Wes Anderson, qui me semble à la fois épuré et surchargé, plein de passion (pour ses personnages, qu’il aime dessiner) mais atone, raffiné mais pourtant si lourd. J’y glane quelques moments, quelques scènes, un visage, un regard, un plan, un mouvement de caméra. Quand l’ensemble défile sous mes yeux circonspects, qui sitôt la projection terminée, oublient vite ce à quoi ils viennent d’assister.

     Néanmoins, il y a dans Asteroid city, une matière qui au préalable, m’attire. Le film me séduit par son folklore fifties et sa petite virtuosité absurde d’enchâsser western et récit de science-fiction. Il m’intrigue aussi par cette histoire de personnage (de femme, de mère) absent mais qui fait office de centre de gravité. Et de manière plus concrète, je préfère ce film-ci (à The French dispatch ou The grand Budapest hotel) pour son cadre, son vent, son silence.

     Puis je m’y suis un peu ennuyé. Enfin pas tout à fait. Je sortais d’une période de six semaines sans être entré dans une salle de cinéma. Il y avait donc un vent de séduction, un plaisir du regard, tant on retrouve les obsessions visuelles, très marquées, du cinéaste. C’est très beau, visuellement, Asteroid city. Mais il n’y a pas de relais, sur moi : L’intrigue m’intéresse aussi peu que chacun de ses personnages. Une capsule succède à une autre. Finalement, rien n’a changé.

     Je continue d’y voir qu’une virtuosité sous cloche. De comprendre ce qui peut émerveiller voire toucher, mais cette émotion sous-jacente ne prend jamais sur moi tant j’observe cela avec une distance froide. C’est brillant mais toujours très artificiel et désincarné. C’est un petit laborantin plus qu’un cinéaste, à mon sens. Et qu’il s’agisse ici du récit d’une pièce de théâtre ne l’aide pas, je crois.

     Au même titre que chez Nolan (dans Oppenheimer) l’épure narrative (des personnages de passage), formelle (moins axé sur la frénésie de la vignette) et décorative (un village et un cratère dans un désert) est paradoxalement annulée par la lourdeur du trait. Une esthétisation malade, pour ne pas dire malsaine.

     J’ai donc été plutôt séduit – pour un Wes Anderson, s’entend – sur le moment, mais les vacances sont passées et au même titre qu’Oppenheimer (qui jouissait par ailleurs aussi – j’y vois beaucoup de similitudes – d’un casting haut de gamme) je me rends compte qu’il ne m’en reste plus grand-chose. Son cinéma a le don de s’évaporer dans mon esprit à chaque fois, c’est terrible.

     Wes Anderson et moi ça fait deux. J’ai parfois apprécié ces films mais ne les ai jamais revus. Hormis une fois, pour Moonrise kingdom : Une déception en le revoyant, à la hauteur du plaisir qu’il m’avait provoqué en salle. J’essaie de pas insister et en même temps son cinéma, très singulier et personnel, me rend chaque fois curieux.

The French dispatch – Wes Anderson – 2021

12. The French dispatch - Wes Anderson - 2021L’îlot chiant.

   3.5   Le nouveau cru de Wes Anderson se déploie dans l’hommage, au journalisme, au cinéma, à la BD, au moyen d’une suite de sketches / vignettes frénétiques dont il a le secret, variant les tonalités pastel, le noir et blanc, l’animation, le mélange de français et d’anglais, dans un dédale volontiers géométrique et ordonné, à l’image de ces trois segments, rubriques centrées sur la prison, la manifestation puis la police.

     Le casting dégoulinant de stars excite sans doute, moi il me file la nausée. Quasi autant que ces décors de maison de poupées, aussi impressionnants soient-ils, qui m’agressent en permanence, m’empêchent de respirer, impression évidemment renforcée par l’aspect millimétré de chaque plan, composition, cadre, tempo, réplique. C’est un cinéma raffiné qui m’ennuie, un cinéma généreux qui m’agace.

     Sa dynamique est trop folle et saccadée. Son ambition repliée sur elle-même, dans sa petite excentricité vaine. Ses personnages sont des figures théoriques qui ne s’incarnent jamais. J’aimerais adorer ça car c’est une vraie proposition, personnelle, radicale, riche, cohérente, loin de tout ce qu’on nous abreuve, mais ça ne fonctionne pas sur moi.

     Angoulême y est rebaptisée Ennui-sur-Blasé dedans. Je ne sais pas si je suis blasé face au cinéma de Wes Anderson, mais je m’y ennuie, ça oui. Enfin, une fois sur deux : Si j’avais tout autant souffert devant The grand Budapest hôtel, j’avais beaucoup aimé L’île aux chiens… Vivement son prochain film d’animation.

L’île aux chiens (Isle of Dogs) – Wes Anderson – 2018

27. L'île aux chiens - Isle of Dogs - Wes Anderson - 2018Waste kingdom.

   7.5   Il y a souvent ce petit quelque chose dans les films de Wes Anderson qui m’empêche de me sentir vraiment concerné. Un trop plein esthétique, un trop plein de personnages ou un trop plein frénétique. Parfois les trois à la fois, comme dans l’éreintant Grand Budapest Hotel. Si je peux en apparence aussi faire ces griefs à L’île aux chiens, ils sont largement compensés par une implication émotionnelle, la même qui m’avait permis de voir en The Darjeeling Limited, le grand film qu’il est. L’ile aux chiens est une merveille. Le plus beau film de Wes Anderson à mes yeux, ex-aequo avec celui que je viens de citer.

     Si je pouvais j’y retournerais car c’est d’une telle richesse dans le rythme et l’image que j’ai l’impression d’avoir raté beaucoup de choses. Mais punaise ce que c’est beau. Intégralement réalisé en stop motion – ce qui me fait me demander si ce n’est pas dans cette expression que le cinéma d’Anderson est le plus précieux (J’avais déjà beaucoup aimé Fantastic Mr Fox, mais j’ai le souvenir qu’il était plus inégal, moins attachant) – L’île aux chiens trouve cet équilibre entre le ludisme et la tragédie, le récit d’aventure et la parabole politique, la précision des lignes et la profusion de la décomposition, le double soulèvement canido-enfantin contre l’horreur dictatoriale, entre légèreté et noirceur, qui me touche cette fois beaucoup.

     Il faut surtout voir comment l’auteur s’empare de l’imagerie japonaise, c’est quasiment son Sept samouraï à lui. Impossible de ne pas penser à Kurosawa. Il faut voir aussi la beauté de chaque personnages, chiens ou pas chiens, autant dans leur écriture que dans le soin marionnettiste. Et il faut apprécier la beauté de chaque plan, tout simplement, tant Anderson déploie son récit d’épidémie et de lutte collective avec un sens esthétique et du détail aussi impressionnant que dans les plus beaux films de Tati. Alexandre Desplat lui-même se surpasse, on a le sentiment qu’il n’a jamais composé avant de composer pour Anderson et cette partition est probablement la plus riche, foisonnante qu’il ait offert dans cet univers prolifique.

     Reste qu’il y a tout de même beaucoup trop de choses à regarder et que tout va beaucoup trop vite pour qu’on ait le temps d’observer, entre la profondeur de chaque plan, la grande place offerte aux dialogues et leur imposant débit, le nombre de sous-titres en tout genre. Il y a dix idées par plan. Il faudrait le revoir plusieurs fois pour en saisir chacune de ses subtilités. Quoiqu’il en soit, dès le premier visionnage, on ne peut pas passer à côté de ces transitions vertigineuses, situations hyper découpées, apparitions folles. Et puis plastiquement je me répète, aussi bien ici dans un simple nuage de fumée que là dans le décor dantesque de cette île surchargée, c’est d’une beauté à couper le souffle. C’est bien plus que le cinéma d’esthète et de marionnettes auquel j’ai trop souvent réduit celui de Wes Anderson.

The grand Budapest hotel – Wes Anderson – 2014

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   3.0   Je crois que j’aime de moins en moins le cinéma de Wes Anderson. En plus d’être beaucoup trop froid et cartoon ici, j’ai l’impression d’un style qui s’use à être de plus en plus certain de sa réussite. Il y a un univers (que l’on reconnait en deux plans) on ne peut pas le nier, mais c’est un univers fermé, replié sur lui-même, avec quelques fulgurances (la très belle fin) mais noyés dans un ensemble assez vain. A l’image de ce défilé de stars cantonnées aux seconds rôles. Ou de ce fétichisme lourd accompagnant ce très attendu petit théâtre de marionnettes. En fait je m’y ennuie beaucoup. J’ai cru un moment que son cinéma me ferait jubiler pour toujours en découvrant puis revoyant The darjeeling limited. Et surtout le très beau Hôtel chevalier qui le précédait. Moonrise kingdom marqua un tournant, la fois de trop (d’abord aimé en salle puis plus du tout à la revoyure). Mais je n’aimais pas beaucoup le cinéma de Wes Anderson à la base, enfin je parle de La famille Tenenbaum (que pourtant j’ai très envie de retenter ces temps-ci, allez savoir) et La vie aquatique, qui sont loin de m’avoir laissé des souvenirs impérissables. Et dans le même temps, aussi étrange que cela puisse paraître, je cours, le pas dansant, voir un film de Wes Anderson en salle (j’avais beaucoup aimé Fantastic Mr Fox, par exemple). Alors je ne passe pas un moment désagréable bien entendu mais ça ne me stimule pas autant que ce que j’entends d’éloges au sortir de la salle. Le plus difficile étant d’admettre que ce film-là n’est ni une synthèse ni une suite ou que sais-je encore de réitération confortable mais bien une progression dans la lignée des précédents films de Wes Anderson. Le truc c’est que je n’arrive pas à me sentir concerné du coup je me dis qu’avec un tel essai (somme, plus beau encore…) ça me semble dorénavant compliqué de vraiment être attiré par son cinéma.

Fantastic Mr Fox – Wes Anderson – 2010

Fantastic Mr Fox - Wes Anderson - 2010 dans Wes Anderson 19145554

     6.5   Wes Anderson, réalisateur de l’excellent Darjeeling Limited est passé à l’animation. Examen réussi. Finalement on reste bien chez Anderson et son obsession pour la famille diversifiée, pour l’aventure singulière, fédératrice. Cadrages identiques traçant des lignes géométriques labyrinthiques : Une maison dans la famille Tenenbaum, un sous-marin dans la vie aquatique, un train dans The Darjeeling limited, une chambre dans Hotêl Chevalier, voici un monde souterrain où se sont réfugiés des animaux dans Fantastic Mr Fox. La magie d’un lieu, Wes Anderson le rend toujours magnifiquement, et à sa manière.

     Mr Fox est le roi des animaux dès qu’il s’agit de voler des poules, il en a fait sa vocation, échappant même dans les pires situations à ses bourreaux humains. Seulement un jour, Mme Fox lui annonce qu’elle attend un enfant, alors il se range et devient un animal dans la loi, travaillant comme éditorialiste. Cet argent lui permet d’envisager un déménagement dans un bel arbre. L’endroit est beau et finalement Mr Fox se rend compte que ce qui clochait chez lui n’était pas l’endroit. Il va mal, comme sa femme, comme son gosse, en pleine crise d’adolescence. Alors il replonge. Mais intelligemment, pense t-il, juste le temps d’un coup de maître. Son arbre a vu sur trois propriétaires grincheux qui font des élevages de poules et d’oies. Les différents vols se déroulent comme prévu mais la vengeance des fermiers s’apprête à être redoutable.

     Fantastic Mr Fox n’est pas forcément un film hilarant mais il m’a offert le sourire durant toute la projection, il donne une pêche incroyable. C’est un grand dessin animé d’aventure qui ne fait aucune pause sentiment – ou si peu – et ne s’arrête pas une seconde. Dans les dialogues principalement, tous fantastiques. Et puis comme toujours chez Anderson il y a de belles envolées poétiques. C’est drôle j’ai toujours eu un peu de difficulté à accrocher à ses films, généralement ses personnages ne me parlent pas. Depuis Darjeeling je me rends donc compte que c’était l’unique chose qui me gênait chez lui. Car ces deux derniers films sont très beaux. J’ai toujours eu une réticence à l’animation. Fantastic Mr Fox fait parti de ceux qui pourraient me faire définitivement aimer le genre.


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