Archives pour la catégorie William A. Wellman

Wild boys of the road – William A. Wellman – 1933

08. Wild boys of the road - William A. Wellman - 1933La ballade des sans-espoir.

   8.5   Une merveille totale, un pré-code inouï, très cru, très sec, c’est Les raisins de la colère version Wellman, qui s’intéresse à Tommy & Eddie, deux adolescents pendant la grande Dépression des années 30, qui se retrouvent sur les routes, dans les trains, d’un État à l’autre, parce que leurs familles sont en grande difficulté financière et qu’ils ne veulent pas accabler leurs parents. Ils rencontrent bientôt Sally à bord d’un train de marchandise et de nombreux autres compagnons de voyage, et deviennent des vagabonds en quête d’un petit boulot.

     Wild boys of the road (renommé chez nous Les enfants de la crise) symbolise presque les prémisses du film noir : La dérive vers la pègre devenant suite logique d’une jeunesse s’enlisant dans la pauvreté. Pas étonnant de la part de Wellman, juste après le superbe L’ennemi public, avec un James Cagney qui pourrait être le prolongement (le film se déroule à Chicago, ville vers laquelle les désœuvrés de Wild boys of the road vont) du personnage principal. La grande découverte c’est Frankie Darro. Il incarne Eddie et semble être une version rajeunie du même James Cagney qui campera aussi un Eddie bientôt dans une autre merveille, signée Raoul Walsh : Les fantastiques années 20.

     Le film est jalonné de séquences fortes, indélébiles. C’est hyper violent (Une rixe policière où s’affrontent les jets d’œufs et coups de matraques, mais aussi un viol, une amputation…) d’une grande noirceur et in extremis rattrapé par un happy end improbable et artificiel auquel on ne croit pas : après vérification il s’agit d’un épilogue imposé par les studios Warner en forme de propagande pour le New Deal de Roosevelt. Wellman est suffisamment intelligent et fort pour accepter cette concession masquée et intégrer une fin à laquelle le studio va croire mais à laquelle nous ne sommes dupes, comme pour montrer qu’il aurait fait tout l’inverse avec ce juge et sa vision gentiment paternaliste. Le dernier plan reste par ailleurs hyper ambigu et l’issue est de toute façon beaucoup trop abrupte pour se loger dans la continuité d’un geste aussi radical et sans espoir.

Une étoile est née (A star is born) – William A. Wellman – 1937

03. Une étoile est née - A star is born - William A. Wellman - 1937A l’origine.

   6.0   Il s’agit de la première version d’Une étoile est née, avant celles de Cukor, celle avec Barbra Streisand et celle de Bradley Cooper. Point de chanteuse dans cette première version, mais une actrice qui souhaite percer à Hollywood. C’est l’histoire d’une rencontre qui se double d’une histoire d’amour, perturbées par un chassé-croisé de la notoriété : une étoile nait quand l’autre s’étiole. Peu ému et subjugué par le film, mais c’est très bien, oui : quel sens du romanesque chez Wellman. Par ailleurs, nous sommes encore aux balbutiements du Technicolor, qui semble un peu délavé ici.

L’inspiratrice (The great man’s lady) – William A. Wellman – 1942

12. L'inspiratrice - The great man's lady - William A. Wellman - 1942Pionniers.

   7.0   Hoyt City, une petite ville de l’Ouest américain fête le souvenir d’Ethan Hoyt, l’homme qui contribua à faire sa renommée. Hannah Semplar, cent ans au compteur, qui fut jadis sa compagne, son inspiration fantôme – avant qu’ils ne se séparent et qu’il fasse enfin fortune – raconte l’histoire de cet homme et par extension la sienne, à une journaliste venue l’interviewer.

     Un Wellman méconnu et plutôt sous-évalué dont je n’attendais pas grand-chose, mais qui m’a laissé sur le carreau quatre-vingt-dix minutes durant (il est à la fois très condensé, sec mais très dense), aussi bien dans l’intelligence à déployer son récit (un grand flashback sur plusieurs temporalités), son final bouleversant que son actrice, extraordinaire Barbara Stanwyck.

     Le film a cette étrangeté d’être le récit d’une intimité, raconté sous l’angle d’une grande fresque historique. De raconter ce qu’on ne voit pas, l’autre versant de la pièce, ce qui sera oublié des livres d’histoire, en somme. Ou plutôt l’autre point de vue qui lui confère une importance au moins aussi grande. C’est un beau western, doublé d’un grand mélodrame. Beaucoup pensé à Ecrit sur du vent, notamment.

The hatchet man – William A. Wellman – 1932

17. The hatchet man - William A. Wellman - 1932Les bourreaux meurent aussi.

   6.5   Adapté de la pièce The Honorable Mr. Wong d’Achmed Abdullah et David Belasco, The hatchet man est un Wellman pré-code se déroulant à San Francisco dans le quartier de Chinatown.

     À la solde de la mafia chinoise et au nom de la justice de Bouddha, le gangster Wong Low Get reçoit l’ordre de tuer son ami d’enfance Sun Yat Ming. Avant de mourir, celui-ci lui demande de prendre soin de sa fille Toya San, et de l’épouser lorsqu’elle sera adulte.

     Il faut certes être solide pour accepter de voir des acteurs américains grimés asiatiques, et tout particulièrement Edward G. Robinson, qui incarne le dénommé Wong Low Get.

     Si on franchit cette barrière liée à l’époque, qui découvre aussi le parlant (le rythme et l’interprétation, inégaux, en souffrent) le film est une splendeur de mélodrame, d’une grande mélancolie, tirant brillamment partie de son ellipse initiale, et de ses décors superbes.

     Le prologue et ses allures festives, par ailleurs globalement sans parole, est d’une précision clinique et dramatique impressionnante. La photo est magnifique. Et Robinson, chinois ou pas, est toujours fabuleux, sur un mot, un regard, un geste.

Thunder birds – William A. Wellman – 1942

02. Thunder birds - William A. Wellman - 1942Les ailes de la guerre.

   6.0   Thunder birds, de William Wellman, est tourné en Technicolor, et sort pendant la seconde guerre mondiale. Il s’ouvre et se ferme sur un éloge en voix off solennelle des pilotes (américain, anglais, chinois) de chasse et formateurs de la Royal Air Force.

     Dans une base aérienne de l’Arizona, un vétéran dorénavant instructeur entraîne le fils d’un compagnon d’armes (mort durant la grande guerre) à devenir pilote. Tous deux sont amoureux de la fille du mentor, incarnée par une Gene Tierney qui illumine tout le film alors qu’on la voit assez peu. Triangle amoureux qui fait davantage office de remplissage : le film est bien meilleur dans son premier tiers quand il s’en passe et notamment quand il s’intéresse – via un flashback bien vu – aux motivations de l’apprenti pilote.

     Le ton du film y est étrangement léger, parfois décalé à l’image de Preston Foster tentant lors d’une scène de tenir en équilibre sur deux pieds de chaise. Les scènes aériennes sont superbement filmées, rien d’étonnant puisque Wellman fut aussi pilote de chasse. Reste un bon film de commande (pour ne pas dire de propagande à l’effort de guerre) qui permit à Wellman de plancher sur un film plus personnel, le somptueux L’étrange incident (1943).

The purchase price – William A. Wellman – 1932

30. The purchase price - William A. Wellman - 1932Take me away.

    5.0   Dans la lignée de Love is a racket et sorti la même année, un Wellman pré Code Hayes attachant (grâce en priorité à Barbara Stanwyck) mais rendu relativement dispensable par son petit côté théâtral (gageure lors de la naissance du parlant) et ses saynètes mal agencées. On sent que Wellman tente, varie les genres (oscille entre comédie et drame) les lieux (De Broadway jusque dans le Dakota du nord), mais ne parvient à relier le tout dans un ensemble cohérent. Dans la même période on lui préfère nettement L’ennemi public ou Central airport.  

L’ennemi public (The public enemy) – William A. Wellman – 1931

02. L'ennemi public - The public enemy - William A. Wellman - 1931Le petit gangster.

   7.0   Très beau film de gangsters du début des années 30, pré-Code donc, dans la veine de Scarface, d’Howard Hawks et Le petit César, de Mervyn Leroy. Avec un James Cagney habité et magnétique dans un rôle sur-mesure qui ressemble à celui qu’il arborera plus tard dans Les fantastiques années 20, de Raoul Walsh. Le récit se déroule sur une quinzaine d’années à Chicago, un peu avant puis surtout pendant la prohibition. Le film est âpre, sans pitié, n’hésitant pas à brosser le portrait de deux frères que tout oppose, l’un gravissant les échelons de la contrebande et du crime tandis que l’autre part sur le front de guerre, tout en leur offrant de sombrer vers le néant, la folie ou la mort. Le visage de cette mère au centre, dévouée et désespérée, est sans aucun doute la douce émotion d’un film par ailleurs très sec, carré, brutal où Wellman fait déjà des miracles d’un point de vue visuel (l’appartement assiégé, la pluie de la vengeance…) mais aussi par quelques images chocs : Le final, d’une violence et d’une noirceur terrible. Un film qui en somme pose bien les bases, d’un genre et d’un auteur.

Central airport – William A. Wellman – 1933

10. Central airport - William A. Wellman - 1933La ronde du crépuscule.

   7.0   Sur Sens Critique, le film a été vu par quatre personnes, c’est dire si ce Wellman pré-code est inconnu au bataillon. Quel dommage tant c’est une petite splendeur, pour ses impressionnantes prises de vues aériennes évidemment, mais aussi parce que c’est un beau mélo quasi Sirkien avant l’heure.

     A la suite d’un accident d’avion, qui coûta la vie à ses passagers, Jim Blaine se voit interdit de continuer de voler pour une compagnie aérienne. Un jour il rencontre Jill, parachutisme dans un cirque aérien. Lorsque le frère de cette dernière, qui n’est autre que son pilote, se tue lors d’un crash, Jim prend sa place. Ils travaillent ensemble, tombent amoureux l’un de l’autre, voyagent partout. Mais Jim est incapable de s’engager et Jill s’éloigne de lui pour finalement s’amouracher de son frère.

     La rivalité entre frères traverse tout le film, dès l’ouverture, quand l’un, faisant ses pirouettes dans les airs, accueille l’autre prisonnier du train. Le film tiendra cette ligne claire jusqu’au bout, jusque dans son ultime plan, terrible. Le sauvetage final avec cette longue scène d’avion dans la tempête puis la brume, est merveilleux.

L’étrange incident (The ox-bow incident) – William A. Wellman – 1943

11. L'étrange incident - The ox-bow incident - William A. Wellman - 1943De l’impuissance de la justice sur le comportement de la foule.

   9.0   Il est rare d’avoir la certitude d’assister à un chef d’œuvre essentiel, une telle évidence de chaque instant.

     Jusqu’alors, Wellman m’avait séduit avec Convoi de femmes, nettement moins avec Love is a racket. Cette troisième rencontre est une déflagration. Je le glisse grosso modo dans le même panier que Fury, le meilleur film de Fritz Lang.

     Pour faire vite, L’étrange incident se déroule en 1885, dans un village du Nevada. Quelques hommes font escale dans un saloon, boivent, dissertent sur la présence d’un tableau dressé devant eux, puis se bagarrent. Mais alors qu’ils sont sur le point de repartir, une rumeur se propage : un homme annonce qu’un fermier du coin a été assassiné par des voleurs de bétail. L’absence du shérif aidant, le meilleur ami du fermier, épaulé par un commandant sudiste et un shérif adjoint, vont former une milice, suivie de l’hystérie collective, afin de retrouver ceux qu’ils ont d’ores et déjà jugé coupable : Trois étrangers de passage, bientôt traqués dans le seul but d’être pendus, dans un tribunal intraitable, improvisé sur une colline.

     Avant d’être un superbe plaidoyer contre le lynchage, L’étrange incident en impose sur deux points essentiels. D’abord sa courte durée (1h15 montre en main) qui en fait un objet condensé, d’une sécheresse oppressante, d’une efficacité redoutable. Ensuite sa photo, sidérante, qui s’accapare brillamment le peu de lieux et de visages qui traversent le film. En résulte une richesse de fond et une épure de forme, d’une symbiose admirable.

     Et il y a Fonda. Qui pourrait camper une sorte de personnage prequel de celui qu’il arborera quinze ans plus tard, dans Douze hommes en colère, de Sidney Lumet. Oui sauf qu’ici il n’influe sur rien. Il tente d’émettre ses doutes, de faire le pas du juste côté des « jurés », de lire une lettre cinglante, mais il est in fine plus lâche que téméraire, spectateur passif d’une injustice trop puissante. Il est donc, comme à son habitude, magnifique.

Love is a racket – William A. Wellman – 1932

30. Love is a racket - William A. Wellman - 1932Coup de feu sur Broadway.

   5.0   En pleine Dépression et dans un univers nocturne riche en potins où se côtoient starlettes et producteurs, bootleggers et racketteurs, Jimmy (Douglas Fairbanks Jr., parfait) journaliste de Broadway, recherche celui qui alimentera le mieux sa brève de demain. Il tombera sous le charme d’une jeune comédienne coincée dans une affaire délicate avec la mafia sur le point de l’évincer.

     Je vais approfondir Wellman dans les jours, semaines à venir. Jusqu’ici je n’avais vu que le superbe Convoi de femmes. Ici, il trouve souvent le rythme et le ton justes, insérant quelques notes d’humour visant à rendre ce film noir aussi charmant qu’une comédie romantique, mais Love is a racket est sans doute un peu prisonnier de son petit théâtre de saynètes déployées dans trois/quatre lieux pour vraiment se démarquer du tout-venant. Un film relativement anecdotique, reste un certain brio, dans sa construction, sa narration.

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silencio


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