Publié 24 mai 2017
dans Mouk et Wong Kar-Waï
La danse de la mélancolie.
4.5 Wong Kar-Waï qu’on n’avait pas vu dans cet exercice depuis Les cendres du temps (1994) rend hommage aux films de kung-fu et tout particulièrement à IpMan , grand maître de wing chun, en retraçant son histoire et l’Histoire de la Chine des années 30/50 alors en pleine occupation japonaise.
Comme d’habitude chez WKW mais plus encore ici, le film est très stylisé, aussi bien dans la complexe beauté de ses combats que dans sa multitude de décors et postures aussi magistrales qu’improbables. On va juste dire que c’est n’est pas mon truc. Que ça me séduit un temps, puis que je m’y ennuie très vite.
D’autant que portrait oblige, The grandmaster est un film beaucoup trop bavard et la sensation vaporeuse qui irrigue les premières séquences et présage d’une belle capacité d’hypnose, laisse vite place à une lourde épopée qui perd sa fluidité pour ne garder qu’un spectacle à la démesure beaucoup trop chichiteuse dans ses ralentis à n’en plus finir et son agaçante sacralisation de chaque costume ou décor.
Je préfère le film quand il s’attache aux gestes (Quand il danse, en fait) plutôt qu’à cette orgie éreintante. Surtout, The grandmaster paye sans doute l’éternité de sa fabrication (Une dizaine d’années dit-on) en se déployant dans un kaléidoscope fait d’ellipses vraiment ingrates. Reste que son côté elliptique le rend parfois surprenant. Et les chorégraphies des combats en imposent.
On pioche alors ce qu’on trouve, dans les corps à corps notamment, dont on retiendra celui entre Ip et Gong Er, la fille du vieux grand maître, véritable combat de séduction à l’ambiance infiniment érotique accentué par le décor vertical de la maison close dans lequel ils semblent défier la gravité. Mais aussi un bel affrontement sur un quai de gare enneigé ou une simple discussion (Quand le film se pose enfin, tardivement) entre deux amoureux qui s’ignoraient, qui fait renouer brièvement l’auteur avec la mélancolie de son In the mood for love.
Publié 17 juin 2014
dans Wong Kar-Waï
6.0 C’est le tout premier long métrage du cinéaste Hongkongais et j’aurais tendance à presque dire que c’est son plus réussi, tant il est encore dépourvu de cette pose globale qui caractérise son cinéma aujourd’hui inhérente à la certitude d’être devenu un grand. Mais je pense que les gens se sont un peu enflammés au sujet de cet auteur. Même In the mood for love n’est pas si génial qu’on le dit j’en suis sûr (il me faudrait le revoir). Disons qu’il a marqué il y a dix ans mais je suis quasi certain que ça vieillit super mal. Là, je retrouve ce qui me plait dans les films de Carax par exemple, cette espèce d’urgence, de romantisme fou. Voire ce qu’on peut retrouver dans certains Coppola, comme Rusty James. C’est hyper esthétisé, kitch, musical, un peu incontrôlé, j’aime ça. Je trouve que c’est un très beau premier film plein d’envie et d’humilité.
Publié 15 juillet 2012
dans Wong Kar-Waï
0.5 Ridicule. De paresse, d’ineptie, de maniérisme. L’effet de style tendance clipo-meringué est la marque de fabrique du cinéaste Hongkongais, d’accord, mais rendu à tel point d’inutilité ici sinon celui de se palucher sur chaque ralenti, plan filtré rouge, puis jaune, pris dans l’embrasure d’une porte ou derrière une fenêtre que ça en devient risible à souhait. Sauf que le film n’accepte jamais sa décomplexion et force chaque trait pensant qu’il réinvente tranquillement la rom’com tragique. Sommet de narcissisme dégoulinant et de fierté accompli atteint vers le quart du film lorsque façon clip – le film répétant inlassablement le même procédé à intervalles quasi réguliers – la petite musique récurrente de In the mood for love retentit sous un tempo nettement plus piano. Avant de revenir in extremis durant le générique final. C’est dire la prise de risque et l’humilité de la chose. Je ne me souvenais plus que le film avait été en compétition au festival de Cannes, cela montre à quel point cette programmation est un désastre, tant d’une part un film comme celui-ci n’y apparaîtrait jamais s’il n’était signé d’un réalisateur jadis auréolé, mais surtout qu’il est d’une faiblesse sans nom, d’un vide édifiant, au regard d’une sélection qui recherche systématiquement le film qui bouscule, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme. A la rigueur une ouverture de festival, mais c’est tout, ça ne mérite pas mieux. J’étais pas loin d’éteindre au bout de vingt minutes mais je n’avais toujours pas vu Natalie Portman, alors j’ai attendu. Le film est toujours mauvais quand elle fait sa première apparition, mais nettement moins désagréable, comme si Wong reconnaissait que ses chichis horripilants de cinéaste suffisant étaient alors inutiles, laissant libre cours au jeu de Portman pour orner sa bluette neuneu. A la place de Norah Jones, je l’aurais eu mauvaise. Voilà longtemps que je n’avais pas vu un truc aussi insupportable, surtout venant d’un cinéaste qui aura au moins déjà fait un bon film.