Archives pour la catégorie Xavier Gens

Budapest – Xavier Gens – 2018

BudapestKürtõskalác à la crème de vomi.

   5.5   Il faut déjà signaler que si Manu Payet, Jonathan Cohen et Monsieur Poulpe ne te font pas au minimum un peu rire habituellement, c’est mort. Et si un seul des trois t’insupporte, c’est mort. C’est mort tant TOUT (les gags, les grimaces, les vannes…) reposent sur eux, leur présence, leurs excès et leur potentiel comique. Il faut attendre un moment avant de voir un peu plus que les deux premiers cités (Payet/Cohen) et enfin eux trois quand on entre à Budapest. Et c’est sans doute la vraie bonne idée du film, qui certes s’essouffle assez vite dans son outrance et ses répétitions, mais qui entre autre générosité, a la lucidité d’offrir un vrai rôle aux deux femmes (Belaïdi/Poisson : géniales toutes les deux, chacune dans leur registre), les deux femmes des « héros » au départ cantonnées dans une mécanique de faire-valoir. Ce sont elles qui vont redynamiser le film dans son dernier tiers. Je ne vais pas faire la fine bouche sur le reste (C’est souvent très, TRES lourd et gras, mais c’est le jeu) car j’ai beaucoup ri, parfois franchement, ce qui cette année, hormis avec Game night et Le grand bain, fut chose rare. Et le petit plus qui fait la « grande réussite » du truc (qui le rend regardable de bout en bout) à mes yeux, et de tout buddy movie, toute bromance, toute rom’com qui se respectent : les personnages m’ont plu, m’ont fait marrer, au moins un peu ici et là, chacun dans leur tempo, sans que j’en cherche un plus que l’autre. Le film est aussi une mine de personnages secondaires excentriques et réjouissants (dans les groupes d’EVG, l’équipe de la boite, mais aussi chez les farfelus autochtones hongrois) et ça c’est chouette. L’autre idée non moins judicieuse est d’avoir confié la réalisation à Xavier Gens, le gars lourd de Hitman ou Frontière(s), qui parvient dans la comédie avec Payet/Cohen/Poulpe  à trouver, assez curieusement, le ton et l’équilibre adéquats.

Hitman – Xavier Gens – 2007

1504086_10151846495372106_213303736_n     1.0   Je m’attendais à un truc super nul et… c’est super nul. Ça m’a rappelé le truc de Mozinor sur les productions Besson : « C’est l’histoire d’un tueur qui protège une pute et qui roule en Audi et après il pète la gueule à un mec de l’est… »  Reste Olga, très belle.

Frontière(s) – Xavier Gens – 2008

Frontière(s) - Xavier Gens - 2008 dans Xavier Gens frontieres-1-300x200     3.5   Sitôt qu’il n’épouse autre aspérité que celle déjà très délicate et convoitée de proposer du survival hardcore, Frontière(s), le premier long métrage de Xavier Gens, s’avère relativement enthousiasmant. C’est en tout cas l’esquisse d’un enthousiasme. Fusse-t-il un hommage pleinement assumé à un genre disparu, le film s’avère être un chainon manquant intéressant dans le paysage du survival à la française, après la réussite notable de l’éprouvant quoiqu’un peu trop petit malin Haute tension (2003) d’Alexandre Aja, le délire grotesque assez courageux qu’était Sheitan (2006) de Kim Chapiron, le Blair Witchien Ils (2006) de David Moreau et Xavier Palud et avant l’expérience insoutenable que proposât Pascal Laugier avec Martyrs (2009). Exit Sheitan, plus fun et con qu’autre chose et Ils assez peu généreux il reste trois films tendus à l’extrême, sommets de gore, épreuves pour qui sort tout juste d’un repas et donc absolues réjouissances pour les aficionados d’un genre propulsé culte via entre autres Massacre à la tronçonneuse, dont Frontière(s) est assez clairement un remake. Mais en fin de compte aucun film n’arrivant à la cheville de ses maîtres, ni même de réussites provenant d’autres pays d’Europe. La faute à quoi ? A leur lourdeur, tout simplement. Leur sous-texte ou leur twist tiré par les cheveux. Ce sont trois films handicapés par un excès de confiance voire peut-être même un mépris du genre. Que le survival se double d’un sous-texte social, d’une réflexion sur le Mal ou d’une déviation schizophrénique, le problème est que chaque fois le propos n’est pas fin et amoindrit l’efficacité d’épure qu’un film si physique aurait méritée. Encore que le Aja et le Laugier s’en tirent plutôt bien. Le sous-texte politico-social de Frontière(s) à savoir dans un premier temps ce pays envahit par ces émeutes qui combattent la montée de l’extrême droite au pouvoir puis dans un second temps l’enlisement dans une contrée nordiste et ses motels habités par des bouchers nazis s’avèrent absolument ridicules. C’est dommage car Xavier Gens, au-delà de certains ratés invraisemblables dans les enchainements (que l’on peut mettre sur le compte du budget restreint) et d’un filmage à dégobiller jusqu’à son petit déjeuner de la veille (aucune excuse) trouve sa véritable empreinte dans l’excès, non pas d’image mais de contenu, ne lésinant sur aucune fantaisie entre cranes tuméfiés en tout genre, fendus, explosés, tendon d’Achille sectionné, doigts arrachés, visage calciné, scie circulaire, masse à gogo, crochets et j’en passe. Tout dans les films qui lui ont flingué la tête depuis tout gosse est balancé pêle-mêle dans le sien. Film français donc mais entièrement pensé et calqué sur le modèle américain, dans la forme j’entends, comme si ce schéma était la pensée unique, comme si on ne pouvait faire du surviva   l des suites, préquels, reboots, remakes de films qui en sont déjà. Frontière(s) ne propose donc rien de concrètement singulier outre sa générosité sanguine. Comme Chapiron, Laugier ou Aja, Gens s’exportera sans doute Outre-Atlantique et ira nous pondre une autre daube puisque son cinéma se plait si bien dans cette matrice tracée sans lendemain. On a pu lire ci et là venant d’admirateurs du film qu’il fallait reconnaître qu’il souffrait d’un déficit scénaristique. Bullshit ! Excuse bidon, pour faire semblant ne pas en faire trop et éviter de passer pour des gros bourrins. Car ce n’est pas tant d’un scénario dont le film a nécessairement besoin mais d’une mise en scène, fluide et âpre (comme les anglais ont su le faire par deux merveilles : The descent, Eden lake). J’ai toujours cette impression d’un mépris envers le genre quand un cinéaste n’assume pas sa pleine puissance en le travestissant d’un fond superflu, c’est très agaçant. Récemment on a pu observer une réussite totale en Allemagne, où le genre fut le mieux représenté : c’était Hell, de Tim Felhbaum. Un vrai survival pur, sans afféteries, sublime. Mais moins gore qu’angoissant il est vrai, le film empruntant aussi au genre post-apocalyptique. C’est à se demander si le genre ne s’est pas définitivement essoufflé tant il est désormais contourné et parfois magnifiquement, suffit de prendre le polonais Essential killing, de Jerzy Skolimowski (faux film de guerre) ou plus récemment encore le spectacle forain que nous offre Gravity d’Alfonso Cuarón (faux film de science-fiction). Pas sûr qu’on l’obtienne un jour, le digne successeur de ce chef d’œuvre qu’est The Texas Chain Saw Massacre


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