Quand j’étais critique.
6.0 J’ai tellement développé une non-envie de voir ce film, que ce soit lors de sa sortie (cette bande annonce m’horripilait) ou après son succès (un peu trop foudroyant) aux Césars, qu’il était normal que je finisse par le mater au détour d’un passage télé… un dimanche soir.
J’ai mis un peu de temps à y entrer. À la fois pour me faire à cette voix off (très présente) et aussi parce que le film décolle vraiment lorsque Lucien quitte Angoulême et Louise puis arrive à Paris, fait connaissance avec Lousteau, découvre le journal, puis Coralie et tous ces personnages qui gravitent, campés par des Stevenin, Depardieu, Dolan, Lenquesaing.
Quel casting ! Et quelle ambition narrative, romanesque ! Le film trouve son équilibre, le souffle épique de l’ivresse parisienne, d’une efficacité redoutable au point que ces 2h30 passent d’un claquement de doigts. Enfin presque. Il y a quand même quelques baisses de régime. Et une tendance à l’académisme : c’est très scolaire, ça manque de fièvre, de grandes envolées – un peu à l’image de sa voix off trop narrative, qui fait souvent doublon avec ce que l’on voit, et qui frise l’indigestion.
J’aurais préféré que le film plonge dans un truc plus virtuose voire grandiloquent encore, j’ai la sensation qu’il n’ose pas trop, qu’il se fait plus sage que le milieu qu’il brosse, plus sage que ces love story, plus sage que son personnage. C’est pas Barry Lyndon, quoi.
Enfin c’est pas grave, je m’attendais à détester – car j’avais détesté le voir coiffer de la sorte aux Césars deux films chouchous que sont Onoda (Arthur Harari) & Annette (Leos Carax) – mais finalement c’est plutôt une bonne surprise. Et ça donne envie de se plonger dans une lecture balzacienne.