Publié 13 février 2025
dans Yves Boisset
La valse des espions.
7.0 Belle approche de film d’espionnage à tendance paranoïaque quelque part entre Les trois jours du Condor, de Sidney Pollack et Un papillon sur l’épaule, de Jacques Deray, aussi avec Lino Ventura.
Espion lève-toi c’est l’histoire de Sébastien Grenier, expert financier et ancien espion, un agent dormant qui assiste à des attentats sur plusieurs de ses collègues et doit faire face à un nouvel agent mystérieux, incarné par un Michel Piccoli charmant et machiavélique, qui le menace plus qu’il ne le rassure.
Le film est découpé en une suite d’actions présentées par une voix off annonçant la date, le lieu et l’heure précise. Le film se déroule principalement à Zurich, qui devient le carrefour d’un règlement de comptes tortueux.
Michel Audiard signe les dialogues, mais ils ne viennent jamais entacher une écriture si tranchée et épurée, toujours au diapason d’un récit nébuleux, qui vire à l’abstraction.
C’est en sus un beau film politique où cohabitent les forces gouvernementales, les services de contre-espionnage et les brigades d’action populaire. Ils sont réduits à des rouages chaotiques, interchangeables et désincarnés. On se traque, on s’entretue, mais on ne sait pas vraiment qui est au service de qui ni pourquoi.
N’oublions pas les magnifiques présences de Bernard Fresson et Bruno Cremer. Le tout accompagné par Morricone, qu’Yves Boisset retrouve dix ans après L’attentat. Vraiment un super film. D’une douce noirceur implacable.
Publié 10 juillet 2023
dans Yves Boisset
Casting quatre étoiles.
5.0 Trintignant, Volonte, Seberg, Noiret, Bouquet, Scheider, Bouise, Cremer, Piccoli, Blanche, Périer, François : C’est probablement l’un des castings les plus dingues du cinéma français. Tous au service de ce film d’espionnage implacable, inspiré de l’affaire Ben Barka. C’est vraiment pas un film facile (à aimer). Hyper cadré et dialogué, trop, trop écrit, mais tellement bien incarné, pour compenser sa froideur d’ensemble. À l’image de la musique d’Ennio Morricone, faite de stridences lointaines, minimale, angoissante. Un film impressionnant autant qu’hermétique.
Publié 10 décembre 2021
dans Yves Boisset
Le cercle noir.
6.5 Polar d’une noirceur totale, le troisième film de Boisset anticipe la tonalité sombre dans laquelle baignera son cinéma à venir autant qu’il se situe dans la roue de Melville, en moins fort. Bouquet, Fresson, Fabian, Constantin, tous se fondent admirablement dans l’âpreté de ce récit, en forme de vengeances et règlements de compte, qui n’est pas plus tendre avec la police qu’il ne l’est avec ses personnages, englués dans une spirale de violence infinie. Un film évidemment sombre dont chaque rebondissement se ponctue la nuit, sur un parking, un toit ou dans une maison de campagne : À ce titre, il est rare de voir un film qui s’ouvre aussi brutalement, sans présentation initiale, sur un lynchage pur, la nuit, dans une ruelle, au milieu d’un tas de poubelles, avec un personnage qu’on avertit avant de le liquider cinq minutes plus tard. Le programme du film est annoncé dès son entame.