Voyage manqué.
5.5 1918, Birmanie. On suit Édouard, un fonctionnaire britannique qui fuit sa fiancée avec laquelle il devait se marier et entame un grand tour, de Singapour à Shanghai, en passant par Saigon. Voyage dans lequel il finira par se perdre, en pleine jungle. Le second tableau arpentera le même trajet aux crochets de Molly, cette fois, sa fiancée à sa recherche.
C’est un film multiforme. Voyageant dans l’avant cinéma : Images mouvantes des forains, ombres chinoises, grandes roues manuelles. La couleur, le noir et blanc. Du théâtre, du documentaire. In situ et en studio. Il est hybride jusque dans l’utilisation des langues : personnages anglais, narration off en portugais, terres asiatiques, où l’on parle aussi français. C’est aussi une comédie de remariage, mais où le couple ne sera jamais réuni.
Il y a l’imaginaire colonial qui irriguait déjà Tabou, mais l’Afrique est remplacée par l’Asie. Or ici c’est un peu comme avec Le Fleuve, de Renoir, j’ai un peu l’impression que l’idée est gâchée par la tentation exotique. Qu’il y a un petit côté touristique de cinéaste voulant faire une romance à l’ère coloniale.
Et j’ai eu un gros problème avec les personnages. Lui d’abord, insignifiant. Molly ensuite. Molly c’est pas Aurora (l’héroïne de Tabou), Cristina Alfaiate ayant qui plus est la malchance de me faire penser à Sally Hawkins, que je n’aime pas du tout. Et puis ce rire insupportable, c’est pas possible.
Pourtant, à l’instar de Tabou, Grand Tour fonctionne en deux parties distinctes. Déjà dans Tabou il y avait le plaisir d’une seconde partie qui répondait à la première et qui permettait au film de s’envoler complètement. J’ai attendu cet émerveillement-là devant Grand Tour, il n’est pas venu. Je l’ai suivi sans passion. J’ai trouvé ça très beau visuellement, c’est tout.