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L’échelle de Jacob (Jacob’s ladder) – Adrian Lyne – 1991

23. L'échelle de Jacob - Jacob's ladder - Adrian Lyne - 1991Nocturne infernal.

   7.5   Tim Robbins incarne Jacob, américain de retour du Vietnam. Le film est la chronique de ce retour, par flashs, partagé entre souvenirs de sa vie de famille d’avant sa mobilisation et mystérieuses hallucinations liées à la guerre, ouvrant sur un complot gouvernemental expérimental.

     J’ai toujours fantasmé ce film. Tant entendu que c’était formidable et complètement à part dans la filmographie d’Adrian Lyne. Et c’est exactement ce que j’ai vu : un film magnétique, hallucinogène, cauchemardesque, parsemé de visions morbides, un film sur New York et la guerre du Vietnam.

     Peut-être un poil trop explicatif dans son dernier tiers (et son twist) tant d’une part on avait pigé comme des grands le subterfuge et tant d’autre part j’aurais préféré qu’il reste sur cette corde raide mystérieuse jusqu’au bout.

     Quoiqu’il en soit, quelle baffe, dotée de pics horrifiques sidérants et de moments d’une tristesse terrible. En effet, difficile de reconnaître le Lyne de Liaison fatale ou Flashdance là-dedans. L’échelle de Jacob serait à Lyne ce que Nocturne indien est à Corneau ? Je balance ça là, au débotté, j’y ai ressenti un vertige similaire, disons. Déjà hâte de le revoir.

Hidden – Jack Sholder – 1988

21. Hidden - Jack Sholder - 1988En corps.

   7.5   Ou quand The thing rencontre Terminator. Pas loin d’avoir adoré et ce dès son entame démente qui ressemble à du Mad Max urbain avant que l’on comprenne ce que le film a dans le ventre : une histoire d’extraterrestre (obsédé par les Ferrari et le rock’n'roll 80′s) se déplaçant de corps en corps (une sorte de gastéropode géant dégueulé d’un côté, ravalé de l’autre) traqué par un duo de flics mal assorti, dont un Kyle MacLachlan aussi mystérieux que chez Lynch. Hidden n’est qu’une course effrénée, brutale, burnée à mort. Super découverte.

Thirst, ceci est mon sang (Bakjwi) – Park Chan-Wook – 2009

24. Thirst, ceci est mon sang - Bakjwi - Park Chan-Wook - 2009Terre, glaise, crachin.

   2.0   Abscons dans son récit, maniaque sans ses plans, désincarné partout, plus chic que choc, indigeste, comme toujours avec Park Chan Wook. Film de vampire ou pas, adaptation de Zola (ici Thérèse Raquin, donc) ou pas, je déteste son cinéma.

Insidious – James Wan – 2011

25. Insidious - James Wan - 2011Deux endives entre deux frayeurs.

   4.0   Durant trente-cinq minutes j’étais convaincu de voir le meilleur film de James Wan, dans la lignée de son premier Conjuring. Il y a une volonté de faire de cette maison un personnage. Il se passe peu de choses mais l’atmosphère est lourde. Puis on en sort (de la maison) et le film se perd complètement pour ne plus ressembler qu’à tous ces petits produits de l’elevated horror qui m’insupportent. Ajoutez à cela les mous de veau que sont Rose Byrne et Patrick Wilson et le premier tiers n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. Néanmoins on va pas entièrement cracher dans la soupe non plus, les cinq dernières minutes sont assez flippantes et le final fait son petit effet.

Les bronzés – Patrice Leconte – 1978

19. Les bronzés - Patrice Leconte - 1978« Radio Galaswinda, bonjour ! »

   8.0   Soyons clairs, j’adore le volet suivant (Revu maintes fois en famille) mais pas du tout pour les mêmes raisons : c’est une déferlante de gags, running gags et répliques cultes ; ce ne sont que des situations rocambolesques, autour d’une fondue ou d’une compétition de slalom, dans un refuge avec des italiens, une crêperie ou dans un chalet de montagnards. La musique elle-même est un gag qui revient en ritournelle.

     « Azur ! Nos bêtes sont bondées d’un cri ! Je m’éveille, songeant au fruit noir de l’amibe dans sa cupule verruqueuse et tronquée. Saint John-Perse »

     Le premier opus des Bronzés c’est avant tout un quotidien de vacances pour âmes seules et/ou perdues. Bien sûr c’est surtout (très) drôle mais le film est aussi très triste (ne serait-ce que la mort de Bourseau) et très mélancolique.

     À ce petit jeu, le personnage de Jean-Claude Dusse est magnifique. Certes il est maladroit, ce n’est pas un don juan, il est hypocondriaque, il est suicidaire (« J’ai vécu avec une femme et puis au bout de 48h elle a décidé qu’on se séparerait d’un commun accord. J’ai avalé deux tubes de laxatif, j’ai mis l’Adagio d’Albinoni et hop… J’ai perdu 16kg et ma moquette »), il n’a pas grand-chose en sa faveur, mais c’est pourtant lui qui joue de l’harmonica autour du feu, qui gagne la course de pirogues, qui aura éventuellement une rencontre à la toute fin, avec la jeune anglaise (lourdée plus tôt par Popeye) qui comme lui a la peau très blanche et chasse les moustiques.

     « Ce que j’aime c’est les climats un peu humides, la Normandie, l’Eure ».

     Il y a de très beaux personnages, qui sont au fond l’opposé de ce qu’ils paraissent. Le couple Nathalie/Bernard en sera le plus bel exemple, jouant le jeu de la séduction avec plus ou moins n’importe qui simplement pour se rendre mutuellement jaloux. Avec aussi et bien entendu le sinistre beau-gosse Popeye, GO qui s’est « niqué trois mille huit cents kilos de gonzesses en deux mois, je me dégoute, parfois » mais qui au fond ne parle que de sa femme.

     En somme c’est comme si le maillot de bain révélait leur vraie nature, comme si les vacances montraient le « vrai » du français moyen, qui utilise ses congés payés pour filer draguer dans un club Med d’une station balnéaire de Cote d’Ivoire. Comme si Les Bronzés symbolisait la version post hippie du désir de liberté, le revers de Mai 1968, disons.

     « Si t’as le moindre pépin, j’suis médecin. Enfin essaie de pas me déranger pour des bricoles quand même hein, j’suis en vacances ».

     Bien sûr Les Bronzés ce sont aussi de savants détails visuels : Jérôme qui va sauver Jean-Claude de la noyade « Laissez-moi passer je suis médecin » et qui se bouche le nez avant d’entrer dans l’eau ; le Paréo « tête de VGE » porté par Christiane l’esthéticienne ; les palmes de Bourseau dans l’assiette de Gigi ; le slip de Popeye ; les tempes dégarnies de Bernard ; Jean-Claude s’essuyant les mains après avoir couru vers une fille aux seins nus pour un cliché à mettre dans sa collection de photos souvenirs. Et j’en passe.

Moana – Robert Flaherty – 1926

15. Moana - Robert Flaherty - 1926L’île aux trésors.

    8.0   Quatre ans après avoir consacré un film aux inuits, Flaherty filme la vie quotidienne des habitants d’une île de Polynésie.

     On y verra aussi bien la confection d’une robe samoane « le lavalava » élaborée à partir de l’écorce de mûrier et de graine de santal pour lui donner de la couleur. On y verra la chasse au sanglier et à la tortue géante. La pêche en pirogue, la cueillette de taro.

     Mais aussi l’observation en temps réel d’une montée (d’un enfant) en haut d’un cocotier afin de récupérer des noix de coco. Des geysers provoqués par des vagues déferlantes. La préparation d’un feu afin de faire fuir un crabe de sa roche. La cuisson de fruit à pain, taro et bananes vertes et les crèmes de coco, à l’étouffée sous des feuilles. La Danse de Siva.

     C’est magnifique. Mais le plus émouvant se joue ultérieurement : La fille Flaherty est allée prendre des sons cinquante ans plus tard de façon à créer une bande sonore au film de ses parents, qui sont restés deux ans sur cet archipel. Et notamment les chants, disséminés ci et là sur des images de quotidien. Et c’est cette version que nous voyons aujourd’hui. Dispo sur Arte. Immanquable.

Souviens toi… l’été dernier (I know what you did last summer) – Jim Gillespie – 1998

26. Souviens toi... l'été dernier - I know what you did last summer - Jim Gillespie - 1998Accroche-moi si tu peux.

   7.0   Une éternité que je n’avais pas revu ce film, mais je l’ai tellement regardé (probablement autant que Scream à l’époque, c’est dire) que je me souvenais de quasi tout. « Quasi » parce que j’ai été un peu surpris de voir que la première partie, l’introduction de l’accident / crime originel se déroulant un an plus tôt, s’étire sur vingt-cinq minutes. Fait assez rare dans l’univers des slashers et autres teenage horror movies. Et surtout j’ai été surpris par la qualité de l’image et du découpage. C’est vraiment très soigné, de la part d’un réalisateur dont on entendra pour ainsi dire plus parler. Le film m’avait jadis marqué par son cadre : ce village de pêcheur qui semble encerclé par des falaises où y serpentent des routes dangereuses ; et par sa temporalité en trois marqueurs, tous le 4 juillet. Le film est hyper clair, épuré, on se concentre sur ce groupe de quatre et sur la quête de l’identité du tueur qui les menace puis les traque. Comme dans mon souvenir, le final (sur le bateau) est beaucoup trop grandiloquent, c’est dommage : Le film perd clairement son pouvoir de fascination quand le tueur ôte son ciré. Mais bon c’est pas grave, j’adore ce film, c’est vraiment une madeleine parfaite (qu’on a malheureusement du mal à regarder sans penser au premier Scary movie). Un post-Scream idéal, par ailleurs écrit aussi par Kévin Williamson, qui ira moins sur les terres métas cette fois, évincées d’entrée quand les personnages se racontent autour d’un feu une légende urbaine à propos d’un tueur au crochet, sans parvenir à se mettre d’accord (c’est clairement ce que produira le secret de leur crime un an après : le groupe n’existera plus). Un peu plus tard, le personnage incarné par Jennifer Love Hewitt flippera de frapper à la porte de la sœur (Mon souvenir avait aussi évincé la présence d’Anne Heche, tiens) de leur victime, par crainte de tomber sur un taré comme Jodie Foster dans Le silence des agneaux. Ça cite moins que Scream mais ça cite quand même. Sarah Michelle Gellar & Jennifer Love Hewitt forment par ailleurs un super duo. Les garçons sont nettement moins bons. La séquence bagnole de flic / magasin de prêt-à-porter / ruelle sinistre fonctionne encore à plein tube.

Le seul témoin (Narrow margin) – Peter Hyams – 1991

11. Le seul témoin - Narrow margin - Peter Hyams - 1991Un train vaut mieux que deux tu l’auras.

   6.5   Remake de l’excellent film de Fleischer, L’énigme du Chicago express (ils partagent d’ailleurs tous deux le même titre original : The narrow margin) Le seul témoin est pourtant un thriller typique de ceux qu’Hollywood offre dans les années 90.

     Une femme est témoin du meurtre d’un avocat. Elle s’enfuit au Canada et se cache dans les Montagnes Rocheuses. Un procureur s’empare de l’affaire et file à sa recherche afin de la faire témoigner. Très vite ils sont pris en chasse par des tueurs.

     Au même titre que son modèle, le gros de l’action se déroule dans un train, d’un couloir à l’autre, entre les compartiments et le wagon-bar, dont on ne s’extraira que le temps des brefs escales (dont une nocturne très anxiogène) et d’un final sur le toit du train, qui servira, entre autres, de matrice au final de Speed. Mais avant cela il y a aussi une superbe poursuite voiture-hélicoptère entre chemin de terre et forêt de pins.

     Et le film parfois se pose (pour mieux rebondir), notamment lors de la superbe scène de dialogue entre Anne Archer et Gene Hackman dans le compartiment, quand elle lui explique qu’elle n’est qu’un témoin gênant. Le jeu de lumières qui fait naviguer le plan entre le noir total et l’éclairage par les persiennes c’est magnifique.

     C’est un beau film hitchcockien. On sait combien Hitchcock était un adepte du suspense ferroviaire : La mort aux trousses, L’inconnu du nord express, Une femme disparaît. J’adore les films de trains : Du Mécano de la Générale au Pont de Cassandra, de Compartiment tueur a Unstoppable, de Compartiment n°6 à Runaway train, de Snowpiercer à RR. J’adore car la question de la mise en scène s’y pose en permanence. Ça me rappelle que j’avais jadis fait un top 10 scènes de métro.

Le cerveau d’acier (Colossus, The forbin project) – Joseph Sargent – 1971

09. Le cerveau d'acier - Colossus, The forbin project - Joseph Sargent - 1971Le colosse rôde.

   6.0   Avant de réaliser l’excellent Les pirates du métro (et plus grand chose par la suite) Joseph Sargent adapta ce roman de SF « Collossus » dans lequel une équipe de savants construit un super ordinateur si perfectionné qu’il doit régir de façon autonome le système de défense des États-Unis. Mais tout dérape très vite. Collossus se met en relation avec son homologue soviétique, dont on laisse planer qu’il a été créé clandestinement par les Russes à partir des plans dérobés aux américains. Par principe, l’idée est déjà un peu embarrassante. Mais qu’importe, le vrai sujet n’est pas tant la guerre froide, que le règne en devenir des machines, qui décident à l’unisson de leur fusion, de promouvoir la paix de l’humanité au détriment de leur liberté. C’est Skynet avant l’heure ou une extension de Hall 9000 : la machine prend le pouvoir. Mais Le cerveau d’acier est sans doute davantage calqué sur l’idée de la créature de Frankenstein tant il s’agit surtout d’un affrontement entre un créateur et son invention, qui est une extension de lui-même mais en fera bientôt son objet. Le film est pas hyper passionnant, pas très bien rythmé, et il faut se farcir son acteur principal, Éric Braeden, qui certes est très bien en (tout petit rôle de) John Jacob Astor dans Titanic, mais qu’on a du mal à voir dans autre chose que dans cette bouillasse des Feux de l’amour. Mais sa respiration et ses plans, à la croisée du film d’espionnage, typique du nouvel Hollywood (dans la lignée de Pakula ou Pollack, disons) en font un objet tout à fait singulier et recommandable.

La mort de Belle – Édouard Molinaro – 1961

14. La mort de Belle - Édouard Molinaro - 1961Le beau coupable.

   7.0   Difficile de croire que Molinaro aura ensuite cette filmographie émaillée de comédies populaires quand on voit La mort de Belle, l’un de ses premiers films, d’une noirceur totale. Une adaptation de Simenon (que lui-même revendiquait comme l’une des plus fidèles et réussies) dans laquelle un homme ordinaire est très vite suspecté du meurtre d’une jeune étudiante américaine et fille d’une amie, qu’ils hébergeaient, lui et sa femme, dans leur pavillon de Genève. Belle, la demoiselle en question, est en effet retrouvée morte étranglée, un matin dans sa chambre. Le juge d’instruction, l’opinion publique et sa femme elle-même soupçonnent vite cet homme et rien, sinon un jeune policier plus scrupuleux, ne se mettra en travers de ce soupçon général. La fin est terrible. C’est un grand film sur une machine judiciaire disloquée et sur un homme perdu, bientôt rongé par la culpabilité de n’être que lui-même. Jean Desailly y est incroyable.

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