Page d'archive 353

Zabriskie Point – Michelangelo Antonioni – 1970

Zabriskie Point - Michelangelo Antonioni - 1970 dans * 100 zab460

L’an 01.    

   10.0   Zabriskie Point est un carrefour, sorte d’aiguillage où deux êtres apparemment dépassés par toute réalité, vont se rencontrer, vivre dans l’intensité quelque chose qui dépasse toute banale relation : la jouissance physique, imaginative, hors du temps, effrénée, décuplée, rêvée. Deux êtres humains, deux vies, que rien si ce n’est le plus pur des hasards, tel un écho au mystère de la création, ne pouvait faire se chevaucher.

     Comme souvent chez le cinéaste italien, et ici encore davantage, les personnages ne sont pas véritablement identifiables, comme s’ils étaient les cobayes d’une expérience intime, salvatrice, universelle. Le seul nom qui nous est offert c’est Karl Marx lorsque la police interroge le personnage principal et lui de répondre de son identité sous humour. Elle c’est Dania comme ça aurait pu être Anna le personnage féminin disparue dans l’Avventura, ou la jeune femme errante dans Profession : reporter.

     D’abord centré politiquement en pleine révolution étudiante, Zabriskie Point se veut ensuite plus expérimental, road-movie abstrait, fuite sans but suivant cet homme que les théories gonflent ; lui c’est l’action qu’il cherche. En répondant à une AG en début de film il dira « moi aussi je suis prêt à mourir. Mais pas d’ennui ! »

     Cette escale désertique en pleine vallée de la mort est le point d’orgue du film. Il apparaît alors comme le cadre de la libération sexuelle poussée à son paroxysme, lieu d’orgie planante où vibrent les corps dans le sable et le vent. Auparavant, nos deux tourtereaux se rencontrent dans une scène façon La Mort aux trousses, pas banale, présentant l’avion sous trois angles différents lorsqu’il survole cette voiture ! Puis il y a cette fameuse scène finale, dopée par Pink Floyd, une scène de destruction de ce qui chaque jour nous détruit encore un peu plus.

Sans toit ni loi – Agnès Varda – 1985

35.13Au gré des vents.

     6.5   Un beau portrait de femme. Celui d’une jeune érante, qui comme le dit Agnès Varda en guise d’intro, a sans doute marqué davantage les gens qui l’ont croisé récemment que ceux qu’elle a connu toute petite. La rencontre avec cette femme « experte en platane » est le moment le plus fort du film. Ou comment une fille sans le sou s’en sort provisoirement grâce à une bonté venue d’ailleurs, et comment cette rencontre va t-elle faire grandir cette femme, dont l’acte de bonté soudain lui permit de se surprendre elle-même. D’autres rencontres sont très belles aussi. Celle avec Hassoun par exemple. Globalement ce qui marque c’est ce choix de faux documentaire, on nage en pleine fiction c’est évident, mais Varda filme tellement de choses, et pas forcément des choses utiles au récit, et ça c’est formidable.

Of time and a city – Terence Davies – 2009

Of time and a city - Terence Davies - 2009 dans Terence Davies 6752

   2.5   A vouloir capturer le temps, l’image dans le temps, à vouloir en quelque sorte faire du Chris Marker, à vouloir se croire émouvant, beau et riche, à vouloir se sentir ovni dans le cinéma d’aujourd’hui, on peut dire que Of time and a city est raté, Terence Davies passant complètement à côté de quelque chose qui aurait pu justement être quelque chose.

     La forme est repoussante. Sorte de grande mosaïque ayant pour but de conter l’histoire de Liverpool. Aucune scène ne se savoure. C’est du bric à brac et c’est lassant. D’autant que c’est en permanence accompagné par une voix off horrible.

     Un moment le silence opère, on souffle un peu, la musique est même absente (parce qu’autrement elle est omniprésente aussi). Davies filme le vide. Des rues désertes. Des gens qui se croisent. Des usines qui fument. L’espace d’un moment j’ai même pensé aux derniers plans de L’Eclipse d’Antonioni. Jusqu’à ce que cette hideuse voix reprenne le pouvoir.

     On n’a pas le temps de vivre, de ressentir. On est assailli par du Verbe. On nous guide tout le temps. Là il faut réfléchir (des citations à outrance). Là il faut admirer. Là il faut avoir des frissons (avec un peu de Brahms derrière ça le fait bien forcément). Là il faut être nostalgique.

     Car oui, Terence Davies croit faire un film sur la mémoire – déjà c’est très limité puisque celle-ci se limite à sa ville natale – mais il fait un film d’une terrible nostalgie, comme un chant d’amour à une ville qui meurt. Car pour lui elle meurt. Il regrette le bon vieux temps le bonhomme… Et ça c’est assez agaçant. Bref, pas bon. Mais pas bon du tout.

La Fille des marais (Däs Madchen vom moorhof) – Douglas Sirk – 1935

La Fille des marais (Däs Madchen vom moorhof) - Douglas Sirk - 1935 dans Douglas Sirk madchenvommoorhof    6.0   C’est l’histoire d’une femme qui cherche un travail comme gouvernante dans un village, qui suite à une plainte déposé à l’encontre du supposé père de son enfant (il refuse d’accepter cette paternité) qu’elle retirera finalement pour lui éviter la parjure, se mettra dans une position délicate pour obtenir une embauche dans l’une des fermes des alentours… Mais il y a un personnage qui s’éprend d’une fascination (coup de foudre ?) pour elle et l’invite donc à travailler dans sa demeure qu’il partage avec sa femme, laquelle essaiera par la suite de la faire partir. Arrive alors le véritable rebondissement Sirkien… Une histoire de meurtre, dans lequel cet homme se retrouve lié… Peut-être est-ce le prix à payer pour avouer son amour à cette femme ?… Personnellement j’ai trouvé ça déjà très bon, très touchant, et surtout très beau. Sirk, dans sa période allemande, apparaissant au générique sous le nom de Detlef Sierck, s’en tire avec les honneurs. Les séquences près de la rive, avec la profondeur des prés et la clarté du soleil, nous offrent des images sublimes.

Funny Games – Michael Haneke – 1998

Funny Games - Michael Haneke - 1998 dans Michael Haneke sfs7ormc1gybbz6bvu1bJeu de massacre.

   8.0   Funny games est une oeuvre à la fois crade et esthétique. Crade parce qu’elle véhicule idées et images immondes au possible, esthétique parce qu’à l’instar d’Orange Mécanique ou Salo, pour ne citer qu’eux, la mise en scène présente une « belle » violence. Belle ou plutôt intelligente, car le tape à l’oil n’est pas, car le spectaculaire disparaît au profit d’un hors champs permanent, renforçant notre inquiétude et notre imagination, allant à l’encontre de tout cinéma de genre hollywoodien condamné au formatage éternel. Qu’y a-t-il de pire que de montrer des images insoutenables ? Tout simplement de ne pas les montrer ! En ce sens, le cinéaste frappe très fort.

     Aussi, et c’est le plus important, travaille t-il sur le ressenti du spectateur, sur sa capacité à appréhender la fiction. « Funny games » est donc le film de manipulation ultime où rien ne nous est épargné : les agresseurs sont les meneurs, de ce qu’ils font et du film lui-même, n’offrant aucune issue possible aux personnages et au spectateur. Quand le mari dit qu’il vaut mieux en finir au plus vite, l’un des agresseurs répond : « Et le divertissement alors ? Trop juste pour un long-métrage ! » Ou quand un instant n’est pas à leur avantage, ils ont moyen de remonter le temps à l’aide d’une télécommande ! On devient même les complices du carnage quand Paul tutoie l’objectif.

     Aussi, Haneke joue avec les codes du genre sur l’imprévisible. Le début annonce la couleur lorsque la musique magnifique d’Haendel est interrompue par du métal bien bourrin, presque inaudible. Il met en scène de sublimes acteurs, Suzanne Lothar en tête, en offrant des séquences très longues, au malaise insistant, séquences d’un metteur en scène de grand talent.

Slumdog Millionnaire – Danny Boyle – 2009

Slum5_LDreams on fire.    

   3.5   J’ai vu mon premier Bollywood movie! Plus sérieusement, sans connaître le cinéma indien, mais vraiment que dalle de chez que dalle, Danny Boyle m’aura permis d’en saisir un peu la trame, la logique étant donné qu’il nourrit son film de lourds sentiments, de paillettes, de scènes mélodramatiques à foison et qu’il nous réserve pour le générique final une sympathique chorégraphie sur un quai de gare. L’histoire assez nunuche et réberbative est celle d’un jeune gars des Bidonvilles de Mumbai qui se retrouve – et on sera plus tard pourquoi car d’emblée c’est le comment il s’y démerde qui nous intéresse – dans l’émission « Qui veut gagner des millions? ». Aussi, l’on sait tout de suite qu’il a raflé le pactole. Le but étant de montrer à chacune des questions ce pourquoi il connait ou non la réponse. Donc, quand on lui demande le nom d’une vedette de cinéma hop un retour en arrière afin que l’on comprenne comment Jamal a connaissance du sujet. Quand c’est une question de religion c’est un évenement tragique de sa vie qui lui permet de répondre correctement. Et ainsi de suite. C’est comme ça tout le temps. Parfois pénible et prévisible.     Durant toute une partie du film c’est bien l’industrie Hollywoodienne qui prime. ça pue la thune, la mise en scène est ultra speedée, très fatiguante mais qui a au moins le mérite, comme souvent chez Boyle (The Beach, Sunshine, Trainspotting…) d’être énergique et sans temps morts. La fin c’est Bollywood à fond, enfin j’imagine. Je ne raconterai rien mais soyez-en sur, ça vaut le détour! En fin de compte, sans doute m’étais-je préparé à voir exactement ce que j’ai vu, mais ce n’est pas du tout la daube que j’en attendais. Les personnages sont tout mimis, il y aussi plein de gens pas gentils, ça flashbackise un max, mais c’est finalement très attachant. Et puis hein cette petite actrice, avec ses yeux miel, à elle seule ça vaut le coup d’oeil!

Les Climats (Iklimler) – Nuri Bilge Ceylan – 2007

arton1079-980x0     7.0   Nuri Bilge Ceylan est l’un des cinéastes photographes du moment. Les Climats en est l’illustration parfaite, jouant sur le cadre et la profondeur avec merveille.
Ici il est donc question de climats. Les personnages semblent être guidés par ceux-ci. Il fait très beau. Il neige. Ceylan prouve qu’il sair filmer par tous les temps. Il a surtout à mon sens le don de filmer la neige. Uzak avait une véritable ambiance propre par son paysage ce qui en fait dans un premier temps un film plus réussi que celui-ci. Après il y a aussi l’histoire. Probablement plus intense dans son film précédent. Et comme dans l’autre c’est une mise en abyme. Le cinéaste joue lui même le rôle d’un type passionné de photo, qui passe son temps à en prendre, et des belles hein, un peu comme le personnage d’Uzak. Il vit une histoire d’amour tourmentée avec Bahar, actrice de tournage. C’est très beau, très fort, envoûtant. C’est simple j’adore tout ce qu’a fait ce type. Koza, son court métrage de 95 est un chef-d’oeuvre de vingt minutes même.

     Ici deux séquences m’ont totalement convaincu tout particulièrement :
- La dernière : le regard (toujours les regards chez Ceylan) de la jeune femme, les flocons, l’avion, l’alchimie est parfaite. C’est sublime.
- La scène de la plage : Il observe son amie se baigner au loin. A haute voix, mais elle ne l’entend pas, il fait un discours de séparation. Plan buste ou plan dos vers la mer. Puis plan visage serré, il continue de parler. Quelques secondes, il se penche en arrière. Bahar apparaît, plus dans l’eau, mais sur la serviette, à ses côtés. C’est magnifique.
Pour finir, c’est aussi un excellent travail sur le son. ce mec est dingue de l’image et du son. Le son d’Uzak était énorme, celui-ci l’est tout autant. Bref, j’adore.

Les Trois Singes (Üç maymun) – Nuri Bilge Ceylan – 2009

Les Trois Singes (Üç maymun) - Nuri Bilge Ceylan - 2009 dans Nuri Bilge Ceylan les-3-singes_260     6.5   On transpire beaucoup dans le dernier Ceylan. On respire fort aussi. L’eau est un élément très important. Elle semble à la fois servir d’horizon, de lueur positive par la présence de la mer, et aussi de pluie, comme si le ciel tombait sur la tête de chacun. Nos personnages semblent même se liquéfier peu à peu. La majorité du temps on est cloîtré avec eux dans cet espace clos, qui paraît perdu entre la mer et cette ligne de chemin de fer. Le bruit du train est omniprésent. On pense immédiatement à Stalker. Et dans de nombreux autres plans, Tarkovski semble roder encore. Côté intrigue, cette idée de triangle familial en destruction, et l’arrivée de cette tierce personne me fait beaucoup penser au Théorème Pasolinien, en apparence bien entendu.

     On a parlé ici et là de décalage entre le récit et la mise en scène, je comprends tout à fait. Ce serait l’unique limite au film à mon humble avis. Parfois le rythme n’y est pas, le rendu est moins fort, à la différence de ce qu’a pu faire Béla Tarr dans son dernier film, auquel j’ai un peu pensé aussi. en revanche pour ce qui est des intentions du cinéaste je trouve au contraire que tout cela sent un peu le neuf, cette intrigue très fabriquée avec un scénario en béton qui ne cesse de prendre de l’ampleur, c’est très différent de ce qu’il a fait auparavant.

     Pour ma part je trouve le dernier Nuri Bilge Ceylan très beau, dans une continuité qui lui est propre et ça me plait. Et puis l’image et le son sont au diapason. Certains plans sont extraordinaires.

Lumière Silencieuse (Stellet Licht) – Carlos Reygadas – 2007

Lumière Silencieuse (Stellet Licht) - Carlos Reygadas - 2007 dans * 100 01-lumieresilencieuse-300x194Je vous salue Marie.

     10.0   La nuit. Les constellations. Le chant des oiseaux. Le ciel noir étoilé laisse peu à peu place à l’aube progressive, de fins rayons de soleil, puis très puissants vont envahir arbres et vallées, et laisser apparaîte un village de campagne. Il fait jour. Tout le film est à l’image de ce plan, à savoir le levé du jour en temps réel, il se révèle patient, et effectue une approche très sensuelle, naturelle d’une communauté mennonite du Mexique.

     Carlos Reygadas filme au ras du sol ou à hauteur d’homme, un peu à la manière d’un Malick, se faufilant dans les hautes herbes, dans une coulée d’eau de source, l’objectif toujours frappé par ce soleil éclatant. Jamais fixe, la caméra avance, zigzague, à tel point qu’elle en devient presqu’objet de documentaire, et nous propose de planer, de s’embarquer dans ce voyage aérien.

     Johan semble très contrarié. Après la prière du matin, les enfants s’en vont, probablement à l’école, sa femme s’en va aussi, il s’effondre en pleurs. En réalité Johan a le coeur tiraillé. Deux femmes l’occupent. Et pourtant ici tout se dit, cette famille comme la mise en scène du cinéaste sont d’une incroyable honnêteté. On ne saurait détecter le malheur. Pourtant Johan doit choisir. La mère de ses enfants ou cette  femme de fantasme.

     Il faut évidemment entrer corps et âmes dans le nouveau film de Reygadas, autrement son caractère hypnotique, envoûtant peut lasser. La nature a rarement été aussi bien sonorisée. Les plans s’étirent, encore et encore pour en atteindre le fruit de la contemplation extatique parfaite. C’est sompteux. C’est sidérant de beauté. Peut-être n’avais-je pas vu cela depuis Tarkovski.

     Evidemment on pense aussi beaucoup à Bergman et Dreyer. Le tic-tac des pendules dans Cris et Chuchotements. Et surtout cette magie dans la séquence finale qui est ouvertement liée à celle de Ordet. Pour moi c’est l’un des cinq plus beaux films de ces dix dernières années, si ce n’est le plus beau. Carlos Reygadas aura au moins prouvé, ici, qu’il était le digne successeur des plus grands, alors qu’il continue à nous envoûter ainsi…

Two Lovers – James Gray – 2008

Two Lovers - James Gray - 2008 dans * 2008 : Top 10 2lovers432Nuits blanches.    

   9.0   Quelle mouche a piqué James Gray ? A peine avions-nous digéré son sublime We Own the night que le cinéaste prodige présentait un autre film sur les écrans ! Entre son premier bijou Little Odessa et donc son dernier il s’est écoulé treize ans ! Mais qu’il continue, si tous ces films sont du niveau de Two Lovers, qu’il en fasse tous les ans, ça me va très bien.

     Ses trois premiers films s’inscrivaient dans le registre du polar et de la tragédie familiale. Surpris étions-nous quand on a appris que Two Lovers était un drame romantique. Et pourtant au sorti de la séance on sait évidemment que c’est un James Gray que l’on a regardé. Ses obsessions de la famille sont bien présentes, et ce questionnement sur l’amour (que We Own the night survolait tout de même) occupe ici une place des plus importantes.

     Leonard est un quarantenaire atypique et bipolaire. Il habite chez ses parents. Non pas qu’il soit un éternel adolescent qui n’a jamais quitté le foyer, mais plutôt qu’il travaille dans la boutique de ses vieux qui l’hébergent donc, depuis une aventure amoureuse traumatisante, en attendant qu’il trouve celle qui l’aime un jour ou l’autre. D’un côté il y a Sandra, la fille d’amis de ses parents, qui semble pour eux la partenaire idéale. De l’autre, Michelle, une fille complexe, amourachée d’un homme marié qui peine à quitter sa femme, pour qui il éprouve bien entendu des sentiments plus intenses (enfin c’est ce qu’il croit).

      C’est une grande histoire de passion. La passion d’un homme pour deux femmes. Complètement différentes, opposées. Un homme au passé douloureux (liaison interrompue, tentative de suicide) qui semble dans une impasse avant que ces deux femmes viennent occuper son cœur.

     James Gray redonne tout simplement ses lettres de noblesse au mélodrame. A la tragicomédie romantique. Il réalise son L’Aurore moderne. Un film très intimiste, où chacun s’y retrouvera, puisqu’il ne délaisse personne. Enfin personne. Sandra reste le personnage le moins travaillé, même si c’est tout en retenue : Elle c’est la sécurité, elle semble posée, et c’est sans doute cela qui perturbe Léonard, cherchant une relation plus adolescente qu’il trouvera ainsi en Michelle. Léonard c’est l’adulte et l’adolescent. Celui qui a besoin d’aventures mais aussi de sécurité. Les seconds rôles, eux, tiennent une place importante, majeure presque pour certains comme le mari indécis de Michelle ou le père de Leonard, prolongement intéressant du père adoptif dans We Own the night, déjà c’était Moni Moshonov et Joaquin Phoenix, ce qui rend la relation d’autant plus touchante.

     Le plus beau dans tout ça c’est la mise en scène et le rendu de cette mise en scène. La simplicité, la beauté arrive à poings nommés en réponse au film de Clint Eastwood, boursouflé et surchargé au possible. A de nombreuses reprises certains plans et séquences sont somptueux, on pense entre autres à cette dispute entre Michelle et Leonard sur le toit de l’immeuble avec en arrière plan un New York froid, rendu sublime ; ou encore cette relation téléphonique intime à travers les fenêtres d’un immeuble modeste de la ville, clin d’œil hitchcockien ; ou encore la séquence sur la plage ; le tout dernier plan… Tellement de choses se passent, par les images, les regards… James Gray nous offre tout simplement l’un des plus beaux films de l’année.

     Maintenant j’aimerai touché quelques mots sur la fin de ce film, qui permet de multiples interprétations :

     Je pense la percevoir comme ouverte, dans le sens optimiste pour son personnage. La relation que Léonard entretient avec Michelle n’est que passionnelle à mon sens, mais pas si réfléchie que ça. Elle semble occuper son coeur durant le film, d’accord, mais l’on sent qu’au fond c’est elle qui l’empêche de vivre, c’est elle par exemple qui l’empêche de démarrer une relation « stable » avec Sandra, sans cesse lorsque Léonard est avec Sandra, Michelle est là aussi, au téléphone. Michelle c’est l’aventure, la fantaisie selon Léonard, une opposition au cercle familial protecteur en somme. Sandra c’est sans doute trop simple, trop à sa portée, surtout lorsque le type en question souffre de bipolarité. Mais en fin de compte, laquelle aime t-il le plus ? Je pense ce retournement de situation complètement sincère. Michelle est partie. Elle ne lui permet pas de se rabattre sur Sandra. Non, elle lui ouvre les yeux sur Sandra. La plage, le gant, la bague, tout ça c’est finalement Sandra. La plage, l’eau, Léonard revient la vie. Au début du film comme à la fin.

     Disons que ce personnage que Léonard place sur un piédestal, la blonde sulfureuse, m’apparait de plus en plus comme le spectre de la femme idéale qui le ferait grandir notre bon Léonard, une Sandra un peu moins casanière en somme. Mais honnêtement et quasiment de bout en bout je le sens plus proche de Sandra que de personne d’autre, Michelle n’existe que dans sa tête, du moins que dans ses fantasmes. Bien entendu il y a un compromis à la fin mais ce n’est pas un compromis malheureux à mon sens, c’est le compromis d’un homme qui a grandit, tout simplement, qui se rend compte que s’épanouir avec une personne qui vous aime aussi est peut-être la plus belle chose qui puisse arrivé.

    A ce titre cette fin est absolument magnifique, et le regard de la mère l’un des plus beaux qui soient. J’étais en larme…

1...351352353354355...359

Catégories

Archives

décembre 2023
L Ma Me J V S D
« nov    
 123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031

Auteur:

silencio


shaolin13 |
Silyvor Movie |
PHILIPPE PINSON - ... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Playboy Communiste
| STREAMINGRATOX
| lemysteredelamaisonblanche