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Les ripoux – Claude Zidi – 1984

16. Les ripoux - Claude Zidi - 1984Vie d’un pourri.

   4.0   C’était mon Zidi préféré, enfin je croyais. Grosse déception. Hormis Noiret, fabuleux. Mon souvenir était flou mais dans ce que j’en gardais on voyait davantage la ville, la rue, le commissariat. Or ces lieux sont trop vite expédiés à l’intérieur de saynètes qui se succèdent assez mal. Je confondais peut-être avec La balance (que je n’aime pas non plus, mais pour d’autres raisons). Quoiqu’il en soit j’ai trouvé ça raté sur ce point-là, je ne crois à rien, je vois qu’un défilé de gags nuls et de scènes construites pour un gag, comme toujours chez Zidi, faite avec des sabots de porc. Et puis cette fin embrumée c’est gros frisson de la honte pour moi. C’est vraiment le truc grossier de la scène qui se passe peut-être dans la tête de Noiret, mais peut-être pas, finalement. J’ai trouvé ça tellement mauvais. Mais il y a Noiret comme je le disais. Et même si je trouve Lhermitte un peu à chier dedans (mais je pense que c’est un contre-emploi qu’il lui va pas bien, un peu comme Depardieu dans Tais-toi, y a un truc qui ne marche pas sur moi) j’aime bien le duo malgré tout, mais je suis souvent sensible à l’aspect buddy-movie de toute façon (bien plus beaux chez les Veber de la même époque). Reste un divertissement populaire pas désagréable non plus. De là à lui filer des Césars…

La taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn) – Alfred Hitchcock – 1939

09. La taverne de la Jamaïque - Jamaica Inn - Alfred Hitchcock - 1939Pirates des falaises.

   4.0   Pour son dernier film tourné en Grande Bretagne, Hitchcock adapte un roman d’aventures de Daphné du Maurier – Avant d’en adapter un autre l’année suivante, Rebecca (nettement plus mémorable) cette fois aux États-Unis. Au XVIIIe siècle, dans les Cornouailles, une orpheline irlandaise découvre que sa tante et son oncle tiennent un repère abritant des pilleurs d’épaves. Le film est intéressant sitôt qu’il laisse de côté le personnage incarné par un Charles Laughton en roue libre. Notamment les scènes en mer ou dans les grottes du rivage. Et bien entendu l’ouverture en pleine tempête, avec le naufrage du bateau, bientôt pillé par des contrebandiers. Malheureusement, Laughton est trop souvent à l’écran. Il ne m’en reste déjà plus grand-chose.

Moka – Frédéric Mermoud – 2016

06. Moka - Frédéric Mermoud - 2016Pas de café, merci.

   4.0   Le premier film de Frédéric Mermoud, Complices (2010) était excellent, original, très prometteur. Ensuite Mermoud avait co-realisé la première saison des Revenants avec Fabrice Gobert. Puis plus grand chose sinon ce film, Moka, avec entre autres, Emmanuelle Devos (qui était déjà dans son premier film) et Nathalie Baye. L’histoire d’une mère qui prépare secrètement sa vengeance : elle retrouve et approche le couple responsable de la mort de son fils, qu’ils ont renversé avant de prendre la fuite. Le film est malheureusement complètement engourdi, éteint jusqu’à l’obsession (Une forme qui fait office de Van Sant du pauvre) et plongé vers une résolution en forme de tout ça pour ça, in fine à l’image de ce qui précède. Sans intérêt.

Bloody bird (Deliria) – Michele Soavi – 1987

09. Bloody bird - Deliria - Michele Soavi - 1987Le masque du démon.

   6.0   Un slasher transalpin dans ce que ça peut avoir de plus bancal, créatif et opportuniste : Il s’agit bien sûr de loger dans la roue des Halloween et autres Vendredi 13, mais aussi dans sa texture de reproduire les codes du giallo – Soavi était par ailleurs assistant chez Argento (sur Phenomena et Opera). Rien que la première scène (de meurtre) qui dévoile finalement (au moyen d’une savant travelling arrière) l’illusion qu’elle requiert soit la répétition d’une pièce musicale, c’est fabuleux.

     Plus artisanal que ses modèles hollywoodiens, il y a évidemment du bon et du moins bon, dans Bloody bird. Des meurtres moins beaux que d’autres. Des acteurs pas toujours hyper concernés. Des trucs à jeter à la poubelle comme ce ressort comique lourdingue des inserts sur les flics dans leur bagnole, ou encore la musique (très) dispensable.

     Mais il y a ce formidable lieu clos (auquel le film ne se tient pas entièrement, dommage), cette dominante aqueuse et ce tueur mystérieux, affublé d’un masque de hibou – idée bestiale ouvertement giallesque. Il y a aussi cette dernière demi-heure, une fois qu’on ne sort plus de ce petit théâtre, dès la scène dans la douche (évidemment…) jusque sous les planches de la scène quasi entièrement silencieuses, et volontiers labyrinthique, qui est assez belle.

     Irving Wallace sera toujours moins iconique qu’un Michael Myers ou un Jason Vorhees, mais il serait dommage de se priver de cette curiosité italienne, croisement bâtard et fauché entre slasher et giallo, plutôt concluant.

Smile – Parker Finn – 2022

18. Smile - Parker Finn - 2022L’horreur qui rit.

   4.0   Dans un hôpital, une psychiatre voit se suicider une patiente, qui affirmait être suivie par une force « souriante », invisible pour les autres et capable de prendre l’allure de ses proches. Bientôt, la thérapeute se verra poursuivie par les mêmes hallucinations.

     Je reconnais avoir pas mal flippé, au début, en grande partie sur cette idée de sourire qui n’en est plus un tant il est marqué, forcé. Tant il déforme un visage plutôt qu’il ne l’égaye. Mais ce film-concept est vraiment fait pour ça, te faire sursauter (c’est la fête aux jumpscares) et te mettre mal à l’aise avec un sourire angoissant.

     Mais globalement, avec sa malédiction en chaine, Smile n’est que resucée d‘It follows, Ring ou Destination finale. Sans la force scénique des uns et l’efficacité populaire de l’autre. Affublé d’une dimension « extension de court » puisque développé autour d’un premier essai de court-métrage, et malheureusement ça se ressent.

     Je suis allé au bout par curiosité mais franchement, au bout d’une demi-heure j’en avais déjà plus rien à cirer : Rien ne fonctionne vraiment, en grande partie à cause de sa mise en scène peu inventive, de son interprète principale, à laquelle je ne crois jamais, de ses personnages sans intérêts. Tout y est aussi bien orchestré que téléphoné, comme un bingo horrifique savamment coché. C’est donc convenu, mais cruel. Il a au moins ça.

Le môme – Alain Corneau – 1986

16. Le môme - Alain Corneau - 1986Série B.

   4.0   Un Corneau mineur, polar érotique, qui tutoie les rives du nanar, mais qui s’avère assez attachant in fine, à l’image de sa séquence de course poursuite en bagnoles, mal branlée, interminable, mais on sent que Corneau y croit, qu’il aime bien le personnage d’Anconina, et surtout qu’il aime filmer l’actrice principale, à oilpé dans les trois quarts des scènes ou elle apparaît.

Ne coupez pas ! (Kamera o tomeru na !) – Shin’ichirô Ueda – 2019

04. Ne coupez pas ! - Kamera o tomeru na ! - Shin'ichirô Ueda - 2019Copiez !

   6.0   Les puristes diront que c’est parce que j’ai vu l’original après, je m’en fiche, je le scande, je préfère nettement la version d’Hazanavicius. Et en grande partie car il intègre l’idée de s’inspirer de celui-là, ce qui est original pour un remake. Mais ce n’est pas seulement ça : celui-ci ne me fait pas beaucoup rire. Disons qu’il souffre de son côté bouts de ficelle : les acteurs sont hyper mauvais, tandis que dans l’autre, Gadebois, Zadi ou Quenard me font marrer à tous les coups. Bon, ça reste une super matrice, une idée géniale, j’adore le geste. Mais si je dois revoir l’un des deux, je sais lequel je choisirais.

Salade grecque – Prime Video – 2023

08. Salade grecque - Prime Video - 2023Chacun cherche son chakra.

   5.0   Tandis qu’il visite la coloc de sa frangine à Athènes, Tom, le personnage principal lâche « c’est l’auberge espagnole, ici » ce à quoi elle répond « mais pas du tout ». Je pense que c’est Klapisch qui répond déjà à ses détracteurs. Mais sans argument, à l’image de sa série, sans intérêt, d’une médiocrité abyssale, la plupart du temps.

     On sentait qu’il y avait de l’amour pour ce qu’il filmait dans ses deux premiers films (déjà moins dans Casse-tête chinois) mais là on sent qu’il est « beaucoup trop vieux pour ces conneries » Tonton Cédric. Un truc édifiant : Ici, Tom a souvent des hallucinations qui le guident, d’un épisode à l’autre, il voit Socrate puis Plutarque, Epicure et enfin Aristote comme son père voyait Erasme. Au secours.

     Et il y a le fond : Le sujet central c’est moins la vie bohème de chacun et la cohabitation entre les différentes nationalités que la vente de cet immeuble, dont frère et sœur ont hérité de leur grand-père. On voit bien les intérêts nouveaux de Klapisch. On retrouve ce qui faisait le sel de Ce qui nous lie. C’est vraiment la version « gauche qui s’excuse » des Petits mouchoirs, le cinéma de Klapisch aujourd’hui.

     Et pourtant je n’arrive pas à détester l’ensemble de ces huit épisodes. D’une part car il y a un capital nostalgie évident : De la première heure on retrouve évidemment Xavier et Wendy (les parents de Mia & Tom) mais aussi Isa, Tobias et William. J’ai tellement aimé ces personnages il y a vingt ans.

     Mais in fine, je crois surtout que je me suis vite attaché à certains petits nouveaux : Zohan, Reem, Pippo, Noam. Je suis tombé amoureux fou de Giulia (magnifique Fotini Peluso) un rayon de soleil, qui rappelle un peu Soledad, dans L’auberge espagnole. La vertu d’une série ce sont ses personnages. Ils ne sont pas tous réussis ici mais on prend plaisir à les suivre. Je pense que c’est ce que Klapisch fait de mieux : créer des groupes de personnages. Et il y a au moins la découverte d’une actrice épatante, dont le personnage en prend un peu trop plein la gueule dans le récit (c’est très douteux…) mais qui est formidable, émouvante : Megan Northam aka Mia. Qui rachète allègrement celui qui incarne le frangin, Aliosha Schneider, un peu limité, pour être poli.

     La série a beau brasser (de façon artificielle) l’ère du temps, en intégrant une dimension woke, féministe, lgbt, metoo, etc.. en évoquant aussi le Covid, la guerre en Ukraine, les migrants, ça reste un produit purement klapischien donc très autocentré. Vers la fin, après de grandes révélations familiales brulantes, les « anciens » se fument un joint et sont très vite défoncés, rappelant un peu leurs soirées barcelonaises. Mais surtout, on voit que Xavier (Romain Duris) a vendu pour une adaptation ce qu’il avait écrit dans L’auberge espagnole, qui était ni plus ni moins que ce qu’on voyait. Et bien là, Xavier assiste aux premières images du film et il se trouve que ce sont celles du film L’auberge espagnole. Une façon pour Klapisch de dire qu’il ne changerait sans doute rien de ce film, qu’il ferait les mêmes images vingt ans après. C’est peut-être prétentieux, suffisant, j’ai trouvé ça pour ma part plutôt touchant et honnête. Probablement car j’ai toujours pensé que c’était ce qu’il avait fait de mieux.

En place – Netflix – 2023

06. En place - Netflix - 2023Tout simplement bof.

   4.0   Le premier épisode donne la sensation de plonger dans un prolongement du très bon Tout simplement noir. Une version course à l’Elysée, puisque Stéphane (Jean Pascal Zadi) au préalable simple animateur de quartier se retrouve candidat présidentiel à la suite d’une vanne envoyée en direct au candidat gauchiste et maire de sa ville.

Quelques trucs m’ont fait marrer – grâce en grande partie à Zadi, sa gueule, sa diction je l’adore – notamment durant le premier épisode justement. Ou bien vers la fin en partie grâce à deux autres personnages : l’écoféministe incarnée par Marina Fois et le raciste notoire joué par Pierre Emmanuel Barré (On le voit beaucoup trop peu, c’est dommage).

Malheureusement, la série, pourtant très courte (6 x 30min) s’essouffle vite. Tout paraît bâclé, tombe à plat. Le rôle d’Eric Judor est un peu raté, aussi, on comprend pas bien son personnage. Benoit Poelvoorde est très décevant également. C’est surtout très sage, en fin de compte.

Un fou rire néanmoins, durant l’épisode 5, je crois : lorsqu’on voit la vidéo de campagne de la candidate écolo : Marina Fois se baladant en vélo dans son village et lâchant en croisant un habitant : « Eh dis-donc, ma Vhs du Sacrifice de Tarkovski, elle s’appelle revient… je suis maire, pas médiathèque » ça m’a fait la journée.

Diaboliquement vôtre – Julien Duvivier – 1967

13. Diaboliquement vôtre - Julien Duvivier - 1967Nécrose de la vie.

   3.0   Amnésique à la suite d’un accident de voiture, Georges Campo (Alain Delon) rentre chez lui. Mais rien ne lui revient. Ni le souvenir de cette femme, ni celui de cet immense château, ni son valet, ni son ami médecin, ni son chien, pas hyper chaleureux à son égard non plus. Rien. En prime il fait de drôle de rêves de guerre. Et bientôt il manque de tomber dans un trou, puis de se faire écrabouiller par un lustre. Au même titre que rien ne revient à Georges, rien ne fonctionne dans ce film. C’est une déclinaison ratée des Diaboliques, de Clouzot, on va dire. Par ailleurs, on note que Diaboliquement vôtre a l’étrange particularité d’être le dernier film de Julien Duvivier, qui meurt, deux mois avant sa sortie, dans… un accident de voiture. Une anecdote plus « intéressante et troublante » que le film lui-même.

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