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Foutaises – Jean-Pierre Jeunet – 1990

10. Foutaises - Jean-Pierre Jeunet - 1990J’aime pas Jeunet.

   4.0   C’est Le fabuleux destin d’Amélie Poulain en noir et blanc avec Dominique Pinon face caméra pendant huit minutes, qui balance une liste de « j’aime, j’aime pas » du plaisir le plus simple au rejet le plus improbable, du plus basique au plus tranchant, que Jeunet va agrémenter par des images et des sons en rafale, dans un montage à la Eisenstein. Tout ce qui caractérise le cinéma de Jeunet est là, fort en gueules et en hystérie, grimaces et diction farfelue. J’aurais nettement préféré voir une version par Luc Moullet, de mon côté. Mais c’est à la fois une sympathique porte d’entrée ou de sortie car tout y est déjà, vraiment, de façon très condensée.

Betty Fisher et autres histoires – Claude Miller – 2001

07. Betty Fisher et autres histoires - Claude Miller - 2001Un enfant pour un autre.

   5.5   Après un long séjour New-Yorkais, Betty, romancière à succès, rentre vivre en région parisienne avec Joseph, son fils de 4 ans. Elle héberge pour quelque temps sa mère, Margot, cinglée irresponsable et complètement égocentrique. Un jour, Joseph meurt dans un accident domestique. Pour tenter d’alléger la peine de sa fille, accablée par le chagrin, Margot lui ramène un jour un petit garçon du même âge que celui qu’elle vient de perdre, ramassé à la sortie d’une école… De l’autre côté de la ville, Carole, la mère de l’enfant enlevé, semble vivre ce drame avec une étonnante délivrance.

     Alors évidemment on ne va pas lui demander de faire du Robert Altman, mais dommage que le film soit réalisé par Claude Miller, quoi. À l’époque – c’était la grande mode – dans le paysage du film choral, outre atlantique on a Paul Thomas Anderson, Alejandro Gonzalez Inarritu (ses meilleurs films) et Paul Haggis donc Claude Miller, chez nous, c’est un peu rude. Je me prends à rêver de ce qu’en aurait fait aujourd’hui un Stéphane Demoustier, tiens.

     Néanmoins c’est évidemment un de ses meilleurs. Déjà, c’est peut-être la première fois que Mathilde Seigner et Nicole Garcia ne m’insupportent pas, dans un film. Sans doute car elles campent des personnages odieux et insupportables, donc ça compense. Le film fait par ailleurs l’objet de trois beaux portraits de femmes abîmées, aux antipodes les unes des autres et organise un passionnant chassé-croisé autour d’elles. Ensuite, le film, bien qu’improbable, trop rocambolesque est bien mené, on sent qu’il adapte un roman de gare mais qu’il le fait avec passion.

La mort vous va si bien (Death becomes her) – Robert Zemeckis – 1992

06. La mort vous va si bien - Death becomes her - Robert Zemeckis - 1992Die cool.

   6.0   C’est une satire d’Hollywood, pas si éloignée du Wilder de Sunset bld. Une version plus bouffonne, évidemment, mais dans laquelle Zemeckis et ses interprètes, s’éclatent. On peut aussi faire d’évidents ponts avec le récent Substance de Coralie Fargeat, qui s’en inspire clairement. J’aime beaucoup Bruce Willis dedans, qui est utilisé à contre-courant puisqu’il est entre deux Die Hard. Les effets spéciaux sont toujours très réussis. Et il y a un super score de Silvestri. Voilà, c’est nettement mieux que Les sorcières d’Eastwick – qui lui ressemble sur plein de points – je trouve. Déjà on n’a pas à se fader Nicholson. Et le film, bien qu’un peu malade dans sa conception, trouve le bon dosage tonal et rythmique, il est à la fois discret et exubérant, expressif et subtil. C’est loin d’être ce que je préfère de la part du réalisateur de Cast away mais je suis content de l’avoir revu.

Chaussure à son pied (Hobson’s choice) – David Lean – 1954

03. Chaussure à son pied - Hobson's choice - David Lean - 1954Les rebelles.

   6.0   A Salford, Lancashire, dans l’Angleterre de l’époque Victorienne, Henry Hobson, père tyrannique de trois filles, tient une boutique de chaussures. Depuis le décès de sa femme, il se réfugie le plus clair de son temps au pub, au détriment de son échoppe. Ayant choisi sa fille pour reprendre l’affaire familiale, celle-ci se révolte, entame une relation avec l’ouvrier le plus talentueux de son père (après tout c’est clairement à eux deux que revient la réussite de la boutique), se marie avec lui et prévoit d’ouvrir un commerce concurrent.

     Pas un grand David Lean, plutôt une comédie assez théâtrale (le film est adaptée d’une pièce) mais un beau film tout de même, marqué notamment par une photo démente (la séquence de la lune, quelle merveille de cadre et de composition), un beau récit d’émancipation contre le patriarcat et malgré tout le portrait d’un mari meurtri et alcoolique notoire, sujet à des hallucinations.

     Charles Laughton en fait des tonnes, en bouffon misogyne. Mais, si Lean ne le délaisse pas, lui et sa douleur profonde, il n’est plus vraiment le cœur de la seconde partie du film, qui donne la part belle à la nouvelle vie de ce vrai/faux couple rebelle qui peu à peu s’élève et se trouve. La séquence de la nuit de noces est magnifique.

Astérix & Obélix, Mission Cléopâtre – Alain Chabat – 2002

02. Astérix & Obélix, Mission Cléopâtre - Alain Chabat - 2002« Itineris a raison de pas se laisser faire ! »

   6.5   La réussite de Mission Cléopâtre fait encore figure d’anomalie aujourd’hui, aussi bien en tant que comédie française populaire super chère qu’en tant qu’adaptation d’Astérix – il suffit de voir le niveau des autres – et ne tient qu’à un nom : Alain Chabat. Et bien sûr à tout ce(ux) qui l’entoure(nt), l’équipe derrière, l’humour des Nuls et le casting fou. En plus d’être visuellement très chouette, c’est un vivier à vannes absurdes, punchlines qu’on ressort allègrement, rythme effréné sans être hystérique. Ce qui caractérise aussi cette réussite c’est de voir ce défilé de stars et d’univers se marier si bien entre eux, ne pas s’annihiler les uns les autres. Jamel Debbouze n’écrase pas Edouard Baer qui n’écrase pas la team Depardieu/Clavier qui n’écrase pas non plus Nanty, Rouve, Benguigui, Darmon, Rich, Dieudonné, Lauby et tant d’autres. Il y a toujours de la place pour tous les personnages, chez Chabat, qui s’efface clairement ici alors qu’il tient le rôle de César. Évidemment il y a des choses qui fonctionnent moins que d’autres, des trucs pas drôles, mais il y a une telle générosité, parfois même visuelle, qu’on n’a pas trop le temps ni l’envie de s’attarder sur ce qui achoppe. C’est toujours très plaisant de revoir Mission Cléopâtre.

L’amant de cinq jours – Philippe de Broca – 1961

01. L'amant de cinq jours - Philippe de Broca - 1961Le pas magnifique.

   4.0   Comme régulièrement avec De Broca, à quelques exceptions près, je trouve que rien ne fonctionne. Le vaudeville ne lui sied pas bien, en grande partie car ici ses personnages me sont antipathiques, la mise en scène assez peu inspirée (malgré ou à cause de son mimétisme ratée de la Nouvelle vague) et la gestion du rythme assez amorphe. Aussi parce que la dimension éminemment mélancolique ne prend jamais.

     A noter qu’on associe davantage le cinéma de Philippe De Broca à Jean-Paul Belmondo mais il ne faut pas oublier que c’est Jean-Pierre Cassel qui joue dans ses quatre premiers films. Celui-ci est leur troisième collaboration. Et Cassel c’est un vrai problème là-dedans. Il me paraît complètement à côté. Soit il en fait trop soit il est transparent. Mais Jean Seberg reste sublimissime, évidemment.

Presence – Steven Soderbergh – 2025

09. Presence - Steven Soderbergh - 2025Un air de famille.

   8.0   Seulement quelques semaines avant la sortie de The Insider, sortait sur les écrans un autre Soderbergh, sa vraie première incursion dans le cinéma fantastique : Presence, tourné pour deux millions de dollars, avec un appareil photo Sony Alpha, sur un scénario de David Koepp.

     Le film suit une famille de quatre personnes qui emménage dans une grande maison de banlieue du New Jersey. Celle-ci est habitée par un fantôme. L’originalité c’est que nous suivons ce récit entièrement du point de vue de cette présence dans une série de longs plans séquences, une vingtaine.

     On sait combien le réalisateur de Traffic aime passer d’un genre à l’autre, d’un univers à un autre, d’un film populaire à un film confidentiel, d’une expérimentation formelle à l’autre. Celui-ci est avant tout un film dispositif, très théorique, sur les possibilités du cinéma, sur la position de spectateur, sur le vertige du regard. Un film sur un espace donné et une temporalité particulière.

     En somme, on est tenté de le comparer au Here, de Robert Zemeckis, qui suivait la vie d’un lieu sur plusieurs époques, familles, générations. Or le cadre ne changeait jamais là où celui de Presence est au contraire très mobile – on vogue d’une pièce à l’autre, on arpente les lieux constamment. Et la temporalité plus resserrée.

     Toutes les étapes du récit de maison hantée sont convoquées, de la peur grandissante aux objets déplacés, du placard étrange aux sursauts divers, de l’éclatement familial au surgissement d’une médium. Oui mais voilà, filmé ainsi, avec cette caméra subjective qui interdit inévitablement toute possibilité de contrechamp, cela offre à Presence une force inédite.

     C’est simple, le film m’a chopé dès son plan d’ouverture et cette exploration de maison vide, au petit matin. J’avais l’impression de retrouver le début d’Halloween. Quid de savoir de quelle subjectivité nous étions l’œil. J’ai marché de bout en bout, jusqu’à ce dernier reflet et cet ultime cri terrassant. J’ai adoré voyager dans cette maison. Adoré ce qui se jouait – de terrible, insidieusement – au sein de cette famille dysfonctionnelle.

     Et pourtant, le film est très épuré. Il ne joue pas la carte d’une peur constante et tape à l’œil façon Paranormal activity. Il ne joue pas non plus celle du récit à tiroirs et aux révélations multiples d’un The Haunting of Hill House. Il ne joue pas non plus le côté poseur d’A ghost story, qui était un beau film sur le fantôme. Presence est avant tout un film sur une famille. Le rôle du (beau)père est magnifique, par ailleurs – et incarné par Chris Sullivan, qui joue Toby dans This is us.

     Et puis c’est peut-être un peu con de l’évoquer mais j’ai aussi marché dans son twist final, bouleversant. Pourtant le film lâche quelques pistes mais on est vite conditionné par ce qui nous est au préalable suggéré, au diapason du personnage de la fille, la première à sentir le fantôme. La première à nous voir. Le final m’a scié les pattes. Un peu comme dans les meilleurs Shyamalan, quoi.

     C’est un pur film de mise en scène. Un suspense uniquement construit par la mise en scène. C’est un magnifique terrain d’analyse. Grosse claque pour ma part ! Hâte de le revoir…

Mickey 17 – Bong Joon Ho – 2025

08. Mickey 17 - Bong Joon Ho - 2025La bête humaine.

   6.0   La première impasse serait de comparer Mickey 17 à Starship troopers. On y songe, évidemment, mais il me semble que Bong joue moins la carte de la satire politique que Verhoeven. Il se situe davantage dans la farce.

     Une farce parfois peu subtile et anachronique : il fait de son personnage trumpo-muskien (Mark Ruffalo en fait des caisses, bien accompagné par Toni Colette qui en fait comme toujours des turbo caisses) un vice-président déchu or la réalité est autre, plus déprimante encore, comme si elle dépassait la fiction. Et paradoxalement, Trump n’utilise pas encore des êtres remplaçables à broyer dans des fours en magma.

     Il est plus élégant sur ce qu’il raconte de ce personnage, de Mickey, son humanité, sa candeur. À ses côtés s’organise une farce douce-amère, proche du Chaplin des Temps modernes. Cette race de soldat – utilisé pour des expériences, puisqu’il est réimprimable à l’infini – qu’il incarne c’est un peu nous tous, face aux pouvoirs capitalistes qui nous ronge, les uns les autres. Pas d’une grande finesse mais BJH ne l’a jamais été de toute façon.

     Le film est peut-être davantage à mettre en lien avec son Snowpiercer, notamment pour sa peinture de la lutte des classes. Il n’est clairement pas de ce niveau mais moi je retrouve Bong Joon Ho dedans, son outrance narrative mais aussi sa fluidité, sa puissance formelle pourtant très épurée. J’aime cette ambivalence dans son cinéma, qui singe le cinéma américain pour le dilapider de l’intérieur.

     L’autre erreur serait d’attendre l’aspect Edge of tomorrow. C’était un peu mon cas. J’avais envie de voir Bong traiter ce rapport à la mort et à l’éternel recommencement. Si l’on y pense d’emblée, le film s’en échappe très vite : il ne s’agit pas de jouer sur le côté ludique des différentes morts ni d’assister à ce reboot sans fin. Mais de faire entrer en collision deux êtres à priori semblables, puisque ce sont des clones numérotés, mais qui vont acquérir au même titre que tous les révoltés des films de Bong Joon-Ho cette humanité intrinsèque que toutes les formes de pouvoir souhaitent annihiler.

     J’entends la déception des uns et des autres. Moi ça m’a plu. Et notamment en tant que pur divertissement.

Ce n’est qu’un au revoir & Le pincement au coeur – Guillaume Brac – 2025

05. Ce n'est qu'un au revoir & Le pincement au coeur - Guillaume Brac - 2025En avant, jeunesse.

   7.0   La sortie d’un nouveau film de Guillaume Brac est toujours, pour moi, un événement émouvant et précieux.

     Cette fois le résultat avait de quoi surprendre et susciter l’excitation : deux films réunis en un seul, dans un diptyque. Deux films tournés en juin mais en deux périodes très différentes, deux lieux aux antipodes. L’un à Die dans la Drôme, l’autre à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais ; L’un en période de Covid, l’autre l’année passée. L’un étant un long métrage très court, l’autre un court métrage très long, pour citer les mots de son auteur lui-même. Dans chaque cas, deux documentaires sur la jeunesse et les derniers instants d’un temps partagé.

     Un pincement au cœur s’intéresse à l’amitié de deux jeunes adolescentes en seconde, juste avant le déménagement de l’une d’elles. Ce n’est qu’un au revoir suit les derniers jours d’une bande de lycéens en terminale d’un internat, peu avant qu’ils s’envolent chacun vers de nouvelles aventures et contrées. Chaque film, à sa manière, permet en outre à ses personnages (Aurore, Nours, Jeanne et Diane en voix off dans l’un ; Linda et Irina au détour d’une conversation dans l’autre) de confesser leurs craintes et douleurs, d’évoquer leur quotidien familial, qui restera hors-champ.

     À priori on est loin de fictions comme Tonnerre (2014) ou À l’abordage (2021) voire du documentaire plus tentaculaire que constituait L’île au trésor (2018) pourtant on y retrouve des horizons similaires, cette légèreté nimbée de mélancolie, ce portrait de groupe et de lieux, d’une jeunesse allègre et inquiète, une vitalité du présent qui côtoie un deuil du passé et une angoisse de l’avenir, ce parfum de fin d’un âge, d’une époque. C’est très beau.

     J’ai eu la chance d’y assister en présence de son auteur, eu la chance de discuter à nouveau avec lui, onze ans après la sortie de Tonnerre. Je me sens tellement bien dans tes films, Guillaume. Merci.

Sans un bruit, jour 1 (A quiet place, day one) – Michael Sarnoski – 2024

26. Sans un bruit, jour 1 - A quiet place, day one - Michael Sarnoski - 2024Bis repetita.

   4.5   Je suis très sensible aux films catastrophes. Mais aussi aux films postapocalyptiques. Il y a toujours cette donnée du survival qui marche très fort sur moi. Les monstres je suis plus sélectif mais pour le coup j’adore ceux de cette franchise : Ces bestioles géantes ultra sensibles au bruit. J’adore car le son (du film) devient essentiel. La parole est quasi absente. Tous les bruits sont importants, jusqu’au moindre craquement. J’aime beaucoup les deux premiers films.

     Malheureusement j’ai rarement vu autant de mauvaises idées que dans ce film-là. Déjà, on le dit prequel, mais c’est une redite du précédent : raconter le premier jour de l’attaque extraterrestre, comme l’indique le titre. Le deuxième volet s’ouvrait déjà là-dessus avant de nous propulser, par l’ellipse, plus loin ensuite, dans la continuité du premier film, qui lui était dépourvu de mise en place. Et puis on n’a jamais la sensation d’une journée ici, le film gère très mal la temporalité, je trouve. Après il y a les deux personnages principaux et il manque ce je-ne-sais-quoi qui fait qu’on croit en leur volonté de rester ensemble malgré leur incompatibilité apparente – ce n’est clairement pas le duo de The last of us, quoi. Certes elle est atteinte d’un cancer incurable et lui d’une peur panique de l’eau, mais ces deux caractérisations fortes font trop attributs d’écriture qu’autre chose.

     Mais la grosse idée de merde, mais vraiment puissamment merdique, reste ce chat. Alors oui c’est un chat d’assistance. Mais purée on n’a quand même pas le même chat, quoi. C’est vraiment le chat le plus adorable du monde, lui. Je craignais le moment où il allait miauler, ce con et ça n’arrive jamais. Par contre il aime l’eau, il adore qu’on le porte et les gros monstres il s’en bat les roupettes. Super chat (et super chat pas du tout numérique ce qui est assez cool). Par ailleurs, super acteur-chat car il fait peu de regards caméra. Mais bon, ça reste un film écrit par des types qu’ont pas de chats, c’est certain. Un moment donné elle lui trouve une boîte de pâtée (la galère pour l’ouvrir, déjà…) et il patiente, sans se plaindre. Bref.

     Quelques jolies idées néanmoins à savoir celle de délocaliser l’action vers la ville. Le film ne révolutionne rien, mais il capte un moment donné la foule en silence, dans un New York dévasté. Et surtout il capte des plans d’ensemble terrifiants où l’on voit ces bestioles encercler la ville, les parois des immeubles, se déplacer d’une fenêtre à l’autre. Le film est globalement gâché par ses scènes clicheteuses et son scénario improbable mais il y a ces moments. Et le film reste visuellement assez chouette.

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silencio


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