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Sentinelle – Hugo Benamozig & David Caviglioli – 2023

23. Sentinelle - Hugo Benamozig & David Caviglioli - 2023Inspecteur la bavure.

   5.0   C’est un show Jonathan Cohen et en soi ça me satisfait déjà : il a enfin un rôle à la hauteur de son humour, un peu dans la continuité de celui qu’il incarne dans La flamme / Le flambeau. Mais le film est plutôt bien fichu, surtout, plus agréable à l’œil qu’un tas de comédies françaises de merde qu’on se coltine en permanence. Ce n’est pas de la grande mise en scène non plus, n’exagérons rien, mais c’est correct. Il y a deux références majeures je crois, le Fatal, de Michael Youn et The Office.

     Cohen est génial dans ce rôle de flic à mulet et chanteur de charme, qu’il arbore façon Frankie Vincent : belle idée que d’offrir une partie de son clip « Le Kiki » en épilogue. Pour le reste c’est une comédie policière classique, un buddy-movie tourné à la Réunion (une sorte de mixture entre Miami Vice et Taxi) pendant des élections, avec aussi une excellente Bercot et un Quenard un peu trop réduit au side kick en réaction à la bêtise du capitaine Sentinelle. Pas ri outre mesure (ça ne va pas assez loin) mais j’ai passé un chouette moment, notamment grâce à quelques bons gags, quelques bonne scènes (celle de la planque notamment).

La mésange – Catherine Corsini – 1982

15. La mésange - Catherine Corsini - 1982A bout de soufre.

    3.0   En 1982, Catherine Corsini réalise un premier court métrage en se prenant allègrement pour Jean-Luc Godard. Dans les embouteillages parisiens, un homme sort de son véhicule, file dans une cabine téléphonique et prévient qu’il ne pourra être à l’heure à son rendez-vous. À la radio, une pub pour La Poste assène le slogan suivant « le point commun, c’est le contact ». Dès lors, l’homme rencontre une fille. Puis la revoit, à moins qu’il ne la rêve. C’est un récit syncopé, urbain, déconstruit façon A bout de souffle. Dans son appartement, une affiche d’Alphaville, au cas où on n’avait pas compris. Très indigeste.

L’été dernier – Catherine Breillat – 2023

18. L'été dernier - Catherine Breillat - 2023Sous le vernis bourgeois.

   6.0   Sur un canevas scénaristique un peu clichetoneux, Catherine Breillat livre un film à son image. Un film sur la bourgeoisie, mais plus vénéneux que bourgeois, quelque part entre Chabrol et Verhoeven, et pas du tout calibré choc ou sulfureux pour se donner un genre. Exemple, dans les scènes de sexe il y a surtout une volonté de filmer moins l’acte que les visages déformés par l’acte. De la même manière elle prend le temps de disséquer ces mêmes visages durant les dialogues ou les moments plus silencieux. Je suis globalement peu ému par le film mais je trouve ça impressionnant. Et si j’aime assez peu le cap pris lors de la scène pivot, le fait qu’il débouche en écho distordu sur une scène finale si belle me la rend finalement passionnante, grâce en grande partie au personnage du mari, incarné par un Rabourdin, comme à son habitude, brillant. Le dernier plan, brillant, au sens propre, est très fort.

L’enfer des zombies (Zombie due) – Lucio Fulci – 1980

01. L'enfer des zombies - Zombie due - Lucio Fulci - 1980The zombies are taking over.

   8.0   Si le titre original fait ouvertement référence au Zombie de Roméro, et tente, par une ridicule pirouette de producteur, d’en être sa suite, le film s’avère bien plus intéressant. Et n’a absolument rien à voir avec le chef d’œuvre de George Romero.

     Un voilier à la dérive entre dans la baie d’Hudson. En reconnaissance, un des garde-côtes montés à bord est assassiné par un zombie dissimulé dans la cale. Ce voilier de la scène d’ouverture, apportant les zombies qui répandra la maladie dans New York (quel plan final incroyable, par ailleurs) rappelle un peu le navire dans le Nosferatu, de Murnau.

     Accompagnée d’un reporter, la fille du propriétaire du bateau part pour les Antilles afin de découvrir ce qui est arrivé à l’équipage et à son père. Sur l’île, ils font la rencontre d’un médecin, qui lutte comme il peut contre une terrible épidémie : Les malades de son dispensaire meurent puis reviennent à la vie.

     C’est un film-écho au Vaudou, de Tourneur. L’histoire se déroule autour d’une île paradisiaque, souvent en plein jour, par ailleurs, et pourtant la mort rôde sans cesse, les cadavres en putréfaction déambulent.

     L’enfer des zombies est jalonné de supers instants, notamment la scène de résurrection des morts dans le cimetière espagnol. Il est aussi généreux dans ce qu’il offre en gros plans. Impossible de ne pas évoquer la scène de la femme du scientifique, l’œil, le morceau de persienne. Magnifique. Mais on peut aussi parler de ce bestiaire grouillant, fait de vers ou scolopendres, qui maculent les plaies ou s’extraient des cavités buccales ou orbitales. De ces nombreux corps déchirés. Il y a un gros boulot de maquillage.

     Il y a une drôle de scène un moment donné, qui permet de voir dans quoi baigne le film. C’est une attaque de requin, au centre, tandis que le bateau est sur le point d’accoster l’île de Matool. On pense d’abord à une scène aussi gratuite (façon production Corman) que la tenue de la jeune femme (string, seins nus) qui vient de se jeter à l’eau, avec bonbonne d’oxygène, pour prendre des photos. En réalité le requin perd de son capital danger dès l’instant qu’apparaît un mort-vivant dans les coraux. Et ça occasionne une étrange scène zombie vs shark, en lévitation. C’est une scène très belle, qui dure et rappelle certains moments de L’étrange créature du lac noir, de Jack Arnold.

     Bref, j’ai adoré. Et en grande partie parce que le film m’en évoque plein d’autres qui me sont chers, sans pour autant faire de l’ombre à celui-ci, très original. Je connais assez peu Fulci, j’ai vu et aimé Frayeurs, vu mais été très déçu par L’emmurée vivante. Il faut que je creuse davantage. Ah et j’oubliais, le thème musical composé par Fabio Frizzi, est superbe.

Mimi de Douarnenez – Sébastien Betbeder – 2023

13. Mimi de Douarnenez - Sébastien Betbeder - 2023Enfants du pays.

   6.5   À l’instar de Je suis une ville endormie ou Inupiluk (le format court lui sied si bien), voici un petit Betbeder seulement par sa durée (38min) tant le film, sous ses dehors anecdotiques, révèle une fois de plus la sensibilité de son auteur, son amour des losers magnifiques, des marginaux aux lourdes fêlures. Mimi n’y échappera pas, cette douarnenezienne de souche, bossant dans un cinéma de quartier déserté, et s’occupant surtout de son père, qui ne s’est jamais remis du décès brutal de sa femme. Le rocambolesque s’immisce toujours très bizarrement chez Betbeder, ici en deux temps. D’abord via le suicide raté d’un jeune handicapé, se défenestrant sous les yeux de Mimi dont il est amoureux transi. Ensuite par la réception d’un jeune cinéaste, enfant du pays, que Mimi a jadis bien connu, qui vient là présenter son premier essai, qui fera un four total. Beau film, habité par une actrice habitée, Valentine Verhague, une révélation. C’est aussi bien entendu un touchant portrait de la cité bretonne.

La charge des tuniques bleues (The last frontier) – Anthony Mann – 1956

02. La charge des tuniques bleues - The last frontier - Anthony Mann - 1956Un clown dans le paysage.

   5.5   Un bon Anthony Mann partiellement gâché par son acteur principal, Victor Mature, énergumène mal peigné, emphatique, insupportable. Au préalable, ce personnage a tout du parfait anti-héros dont on souhaite suivre les aventures : c’est un trappeur, éclaireur de cavalerie, aussi proche des soldats que des Indiens. Dommage. Le plus beau réside cependant moins dans ce récit (L’affrontement pour un fortin d’Oregon, entre tuniques bleues et indiens Sioux) que dans la photo, d’une splendeur visuelle de chaque instant.

Action vérité – François Ozon – 1994

16. Action vérité - François Ozon - 1994Sang pour sang.

   5.0   Belle idée que le choix de filmer ce jeu d’adolescents en ne cadrant que leurs visages, en gros plans. Ils sont quatre, deux filles et deux garçons. On débarque en plein milieu d’un classique « Action ou vérité » et Ozon ne cède – sans doute moins par envie que par nécessité, mais qu’importe – ni au plan d’ensemble ni au travelling circulaire attendu. Ainsi, on ne sait pas trop où ces gamins se trouvent (probablement dans une chambre ?) ni comment ils sont disposés : c’est au spectateur de capter cela, de reconstruire s’il le souhaite. Ce qui compte c’est le visage : Ozon est très fort pour filmer les visages et en saisir la passion, le désarroi, l’excitation, la nonchalance, la spontanéité. Ce qui compte aussi c’est le rapport à la sexualité. Dommage qu’Ozon en fasse un autre programme (certes passionnant, mais ça sort du chapeau) et finisse par céder aux sirènes de la grandiloquence, dans un twist final aussi improbable qu’il est inutile : la cruauté et le malaise étaient déjà là, dans une parole ou un regard.

Ô saisons, ô châteaux – Agnès Varda – 1958

14. Ô saisons, ô châteaux - Agnès Varda - 1958Les feuilles mortes.

   6.0   Après avoir réalisé La pointe courte, superbe premier long métrage, Agnès Varda s’attaque à son premier court : Une commande de l’office national du tourisme dans lequel la réalisatrice présente l’histoire des châteaux de la Loire dans l’ordre chronologique de leur construction. Ce sera pourtant moins académique et touristique que déjà très ludique et poétique. Le titre nous y prépare d’emblée en empruntant celui d’un poème d’Arthur Rimbaud. Mais ce n’est pas que ça. Varda y insère aussi des éléments inattendus, des commentaires de jardiniers sur les arbres notamment, et des apparitions de mannequins, aussi accompagné d’extraits de poèmes célèbres, le tout alors qu’on visite Langeais, Loches, Amboise, Chambord, Chenonceau. Or il s’agit moins de retracer la vie et désirs des châtelains, que de former de brefs portraits de jardiniers, tailleurs de pierre, peintres ou familles de gardiens. Ce n’est plus un docu pédagogique mais une fantaisie toute personnelle, une sorte de lettre oubliée dans les feuilles mortes : le film s’ouvre sur ces feuilles mortes, comme s’il préparait déjà au Bonheur (1962) ou à Les glaneurs et la glaneuse (2000).

Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón) – Pedro Almodovar – 1980

05. Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier - Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón - Pedro Almodovar - 1980Madrid underground.

   4.0   Vaut pour la curiosité de voir les tous premiers essais d’Almodovar, pas plus. C’est un film visuellement très embarrassant (une sorte de fluo qui suinte) doté d’un récit sans queue ni tête, plombé par des séquences toutes plus over the top, dans le mauvais goût, que les autres : Ici une soirée où l’on mesure la bite des mecs pour le concours de la plus grande, là une nana qui pisse sur la gueule d’une autre, et découvre ses penchants lesbiens et sadomasochistes. C’est avant tout le récit sexuel de trois femmes libres et vengeresses dans l’Espagne post dictature de Franco. On est en pleine Movida, en plein milieu underground drag-queens, et Almodovar semble y faire ses galons. Le film est fauché, construit à la va comme je te pousse. C’est assez vite épuisant mais c’est aussi ce qui fait son charme à la fois subversif et désuet. Ça restera aussi le premier rôle de Carmen Maura.

Air – Ben Affleck – 2023

06. Air - Ben Affleck - 2023Money for laughing.

   5.0   Me voilà bien embêté ici car si la forme n’a rien de révolutionnaire, il faut bien reconnaître un certain savoir-faire, combinant rythme, reconstitution et interprétation. Un savoir-faire très hollywoodien bien entendu (et son jukebox 80′s un peu relou pour le coup) dans une mouvance à la Sorkin (Les sept de Chicago) ou Mangold (Le Mans 66). Ce qui est embarrassant c’est que tout est au service d’un récit pas très passionnant, à savoir raconter comment les marketeux de Nike ont élaboré une stratégie commerciale dans le but de faire signer Michael Jordan (promis au préalable chez Adidas ou Converse) en pondant la fameuse chaussure à son nom et son effigie (logo compris) que tout le monde connaît. C’est intéressant sur un reportage d’un quart d’heure ça, mais deux heures là-dessus c’est un peu abusé. D’autant que le film prend plaisir à montrer ce monde de markéting, viriliste et hystérique, comme si rien d’autre ne comptait : on ne saura rien d’aucun personnage là-dedans, si ce n’est leur attrait lourd pour la réussite individuelle. Bref c’est un peu léger. En plus d’être in fine une gigantesque pub pour Nike. Et dans le même temps, il y a un souffle épique, c’est bien fichu, bien dialogué, on ne voit pas le temps passer. Et il y a l’idée de ne jamais montrer le basketteur, qui ne reste ici qu’un produit, une simple chaussure à milliards – quoique Jordan a bien un petit rôle ici : celui de son propre père.

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